mercredi 29 septembre 2010

Photos de voyages - Bogota





Parfois l'actualité...

Dimanche prochain, l'Allemagne paiera le dernier montant de remboursement des réparations imposées par les alliés à titre de réparation à la fin de la première guerre mondiale. Plus exactement cette somme de 200 millions d'euros correspond aux intérêts accumulés entre 1945 et 1953 des emprunts qui avaient permis le remboursement de ces réparations avant 1932, date à laquelle le moratoire "Hoover" a suspendu les paiements. A l'époque, en 1953, il avait été conclu que l'Allemagne payerait 20 ans après sa réunification. A l'époque, alors que s'installait la guerre froide, cela devait paraître un bon moyen de ne jamais payer. Moralité : même en diplomatie, on finit par se faire rattraper par ses promesses d'ivrogne.

Le 29 septembre, Idil est née, deux mois avant terme. Elle ne pèse que 800 grammes. Sa mère était cliniquement morte depuis la fin août, terrassée par un cancer du cerveau. Son corps était maintenu artificiellement en état de fonctionnement biologique. Cela dura un mois, avant que des signes de faiblesse, obligent les médecins à intervenir en pratiquant une césarienne. Puis ils ont débranché le respirateur artificiel. La mère s'appelait Idris, elle avait 28 ans et six enfants.

mardi 28 septembre 2010

Eyes wide open

Elle n'entrait pas dans mon étroit grenier, mais elle est visible ici, la plus grande photo jamais réalisée : Budapest, 70 milliards de pixels. Soit un assemblage de 20 000 photos de 25 megapixels. Imprimée cette photo mesurerait 156 mètres de long sur 31 mètres de large.

Dans le même genre, mais en plus intime, Paris, 26 milliards de pixels.

Et mon favori, Dubaï, 45 milliards de pixels, mais surtout une structure urbaine et une architecture hallucinées et hallucinantes, un mirage scifi au milieu du sable et des canaux turquoises, les 512,10 mètres du Burj Dubaï, provocation absurde au milieu de rien.

dimanche 26 septembre 2010

Humains pixels et auto-organisation

Probablement êtes-vous tombé comme moi, un jour, sur une de ces vidéos assez amusantes dans lesquelles on voit des reconstitutions humaines des jeux vidéos de nos primes années. Le concept du réalisateur Guillaume Reymond est que chaque humain représente (plus ou moins) un pixel.
Voyant cela, j'imaginais la complexité de coordonner les pixels humains pour produire l'effet recherché. Beaucoup de travail, mais bon....

Or écoutant Ecrans, un des podcasts de LibéLabo, je suis tombé sur une information qui a complètement changé mon regard et suscité un regain d'intérêt.

En fait, les humains pixels s'auto-organisent. Ils connaissent le jeu, ils se voient en direct sur l'écran de cinéma qui leur fait face, et ils jouent vraiment (j'imagine que le réalisateur donne quelques règles opérationnelles). Par exemple dans le Tétris, les joueurs étaient tellement bons, que Guillaume Reymond se voyait passer la nuit là. Il a donc corsé le jeu, envoyant des pièces difficiles à intégrer, au grand désarroi des humains pixels qui, parait-il, gueulaient comme des geeks qu'une saute d'électricité aurait déconnectés avant la sauvegarde de la partie en cours.

Comme quoi compétence des acteurs + cadre d'action partagé + liberté d'auto-organisation dans ce cadre > micro- planification.

Tetris:


PacMan


Space Invader


Pong


Pole position

vendredi 24 septembre 2010

Il est frais mon poisson, il est f. PAF ! Oh Cétautomatix laisse le finir, il a des photos !

Des photos extraites d'une série du toujours fascinant site The Big Picture de Boston.com. Deux thèmes.

1. les poissons étranges des grands fonds.


Le poisson dragon à la langue dentue, a la taille d'une banane.


Ce poisson reste inconnu au bataillon. Il glandait au fond des eaux indonésienne quand le petit sous-marin téléguidé Hercules ROV l'a pris sur le fait.


Une chimère, lointain cousin du requin. Lointain. Ca fait 200 millions d'années qu'ils ne se fréquentent plus. Les lignes perçoivent les variations de pression (comme les oreilles). Les points sur le pif sur des ampoules de Lorenzini. Elles permettent de ressentir les perturbations électromagnétiques générées par les mouvements des organismes vivants.

2. Les pescailles OGM


Ils ont le même âge, le gros saumon est OGM.


Cet poisson ange a été génétiquement modifié pour devenir phosphorescent sous la lumière noire. Il est vente à 30$ à Taïwan. Je propose une rencontre avec une Chimère.

Le syndrome du survivant

Un tableau, un stylo, huit minutes, le paléoanthropologue Pascal Picq nous explique le destin de l'homme de Néandertal.
Comment nous nous sommes côtoyés pendant des centaines de milliers d'années, partageant le même niveau culturel. Lui au Nord de la Méditerranée, nous au Sud. Et puis, comment l'infrastructure sociale et technique supérieure du Sapiens lui a permis petit à petit de remonter au Nord, colonisant les territoires du Néandertal, les exploitant avec une plus grande efficacité.

Picq raconte comment des groupes de Néandertaliens se sont réfugiés dans les montagnes partout en Europe, petit à petit s'éteignant. Et je me suis dit : un jour est mort le dernier Néandertalien, quelque part en Europe. Etait-il seul ?
Fut une période où cohabitaient sur la Terre trois ou quatre espèces d'hommes, commerçant plus ou moins, mais ne pouvant pas se reproduire entre eux. Seul Sapiens a survécu. Peut-être nous sentons nous seuls, sans nos frères. Peut-être avons-nous quelque part au fond de notre inconscient une culpabilité d'espèce.

Pascal Picq, cet homme est un vrai conteur.
C'est beau la science, c'est fascinant un prof.

Notre cousin Neandertal
Notre cousin Neandertal

À l'occasion de la sortie du film de Jacques Malaterre Ao, le dernier Neandertal, le paléoanthropologue Pascal Picq nous explique, croquis à l'appui, les raisons de la disparition de notre plus proche cousin il y a environ 30 000 ans.



 



Réalisation Roland Cros



 



Production : Universcience 2010

Rétroviseur

A force de côtoyer ma propre médiocrité, je deviens de plus en plus empathique. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer de soi.

mercredi 22 septembre 2010

Trois hommes

Paris, gare St Lazare.
Un homme est debout accroché à une sorte de caisse en grillage montée sur roulette, qui ressemble à une poubelle. Maghrébin, âgé, aux traits marqués, petit, dans son bleu de travail. Immobile dans le flot des gens sur le trottoir. Peut-être est-il un peu perdu. Comme James Bond, il est titré "Quantum of solace", par l'inscription sur sa casquette noire.

Québec.
Un homme avance devant moi, à pas rapides. Un large sac de toile sale à la main droite. Il va vite. Tête inclinée vers l'avant. Des cheveux gras, mal coupés. Tourne à gauche en direction du supermarché. J'entrevois son visage, sec, barbe courte et grise, yeux creux. Il porte une blouse de fille, manches courtes légèrement bouffante, cintrée, d'une teinte rosée à lignes vertes.

Montréal, début d'après-midi.
Un homme en haillons, à la peau sombre, dreadlocks de poussière, dort sur l'asphalte d'un trottoir, recroquevillé, abrité par un abribus. Il est étendu sous l'affiche d'une ONG incitant aux dons pour Haïti.

Le destin d'Hypatie

Dans la Grèce antique, le Mouseîon était un temple consacré aux Muses, divinités des arts (c’est l’origine du mot musée). A Alexandrie il était intégré à l’université. C’est là que grandit Hypatie vers 370 après JC. Son père, Théon d’Alexandrie, en est le dernier directeur. Mathématicien et philosophe, il initie sa fille qui montre très vite une intelligence supérieure, et l’envoie à Athènes achever sa formation intellectuelle. De retour dans sa ville, elle s’impose comme la plus importante de ses philosophes : elle écrit sur les mathématiques et l’astronomie, enseigne les thèses néoplatoniciennes, forme les élites de la ville comme Synésios de Cyrène qui deviendra évêque de Ptolémaïs et a l’oreille du préfet romain Oreste. Celui-ci devait se poser bien des questions en cette période de bouleversements profonds.

En 395, à la mort de Théodose 1er, l’empire romain est définitivement divisé en deux. L’empire romain d’Occident vacille, il disparaîtra en 476. Le christianisme se répand à grande vitesse, gagnant les masses aux messages des évangiles, supplantant les anciens dieux. En 415, Alexandrie vit des tensions entre communautés religieuses. Hypatie est athée. La colère gronde contre elle.

Femme libre, d’une intelligence écrasante, Hypatie a l’oreille du préfet qui tente de résister aux volontés de pouvoir séculier du patriarche d’Alexandrie. Elle est vite identifiée comme un obstacle aux ambitions des Chrétiens. Jean de Nicée résume au VIIème siècle l’acte d’accusation : «En ces temps apparut une femme philosophe, une païenne nommée Hypatie, et elle se consacrait à plein temps à la magie, aux astrolabes et aux instruments de musique, et elle ensorcela beaucoup de gens par ses dons sataniques. Et le gouverneur de la cité l'honorait excessivement; en effet, elle l'avait ensorcelé par sa magie. Et il cessa d'aller à l'église comme c'était son habitude....».

En mars 415 des moines fanatiques, menés par un certain Pierre le lecteur, décident d’en finir. Socrate le Scolastique raconte : « Ils guettent Hypatie qui rentrait chez elle : la jetant hors de son siège, ils la traînent à l’église qu’on appelait le Césareum, et l’ayant dépouillée de son vêtement, ils la frappèrent à coups de tessons ; l’ayant systématiquement mise en pièces, ils chargèrent ses membres jusqu’en haut du Cinarôn et les anéantirent par le feu.»

Hypatie meurt à 45 ans, lapidée par des Chrétiens dans une église. Il ne reste rien de ses travaux, tous brûlés lors de l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie. Si l’on en croit sa légende, elle est morte vierge.

Rien, pas tout à fait. Il se dit que Raphaël l’a peinte dans une première version de L’école d’Athènes. L’apprenant, un cardinal, aurait demandé qu’elle disparaisse. Prudent, Raphaël l’aurait effacée, mais s’en serait inspiré pour la figure efféminée du neveu du pape. Infime revanche de l’art et de l’intelligence sur l’obscurantisme religieux.


Le film «Agora» raconte lourdinguement sa vie.

mardi 21 septembre 2010

Grinderman 2


Grinderman 2 !
Nick Cave s'enferme cinq jours avec ses bad seeds en furie : Waren Ellis, Jim Sclavunos et Martin Casey et ça donne Grinderman.
C'est rock, très rock. Les guitares crient et se lamentent. Cave abandonne son romantisme noir pour une énergie brute.
C'est plus ou moins improvisé, baveux, crade. Toujours parfaitement maîtrisé.

"What I know" est ce que j'ai entendu de plus envoûtant depuis longtemps.

lundi 20 septembre 2010

Photos de voyage


Rio Solimões, Brésil


Marché de Tabatinga, Brésil


Enfant se demandant ce qu'il fait là


Calle 6, carrera 7, Bogota


Aéroport de Bogota

dimanche 19 septembre 2010

Le rôti sans pareil

Dans son « almanach gourmant », référence des gourmets publiée en 1807, Grimod de la Reynière livre une recette… exigeante : le « rôti sans pareil ».

Le gargantuesque plat est composé de 17 oiseaux imbriqués les uns dans les autres comme des poupées russes.


Source : Wired (je vous le jure !!!!!), août 2010

Tout entre dans une outarde. Soit, dans l’ordre : une dinde, une oie, un faisant, un poulet, un canard, une pintade, une sarcelle, une bécasse, une perdrix, un pluvier, un vanneau, une caille, une grive, une alouette, un ortolan, une fauvette et au cœur : « une superbe olive farcie aux anchois et aux câpres ».

Je comprends mieux les crises de goutte dans les romans de Balzac.

jeudi 16 septembre 2010

L'équipe fantôme


Le 7 septembre l'équipe du Bahreïn de football crée la surprise en match de préparation pour les championnats b'Asie de l'ouest bat sans forcer le Togo 3-0. Enthousiasme de la presse, félicitations de la fédération internationale. Pourtant ces joueurs cacochymes, à la technique grossière et au positionnement tactique approximatif, suscitent rapidement le soupçon. Sont-ils vraiment ceux qu'ils prétendent être ?

Il faut dire que la veille du match, le nom de vingt joueurs togolais, dûment enregistrés dans les registres de la fédération ont été remplacés. Tous. Pas un ne réchappe à ce nettoyage tactique du sélectionneur.
Une enquête plus tard, il apparaît que la fédération du Bahreïn avait organisé un match avec un agent agréé par la fédération internationale, et un cadre de la fédération togolaise. Coût pour le Bahreïn : 200 000 dollars. La fédération togolaise se chargeant des visas et d'organiser le voyage. Rien que de très classique.
Seulement voilà. Le cadre de la fédération togolaise ne dit rien à personne, empoche l'argent, récupère un set de vieux maillots, embauche une bande de branquignoles à crampons et part prendre une branlée dans le Golfe.
Comme dans "Le Concert" de Mihaileanu, pareil, en plus shortu.
Pendant ce temps la véritable équipe nationale togolaise était en transit à Lomé, revenant d'un match qualificatif au Botswana.

Alors si vous reconnaissez votre garagiste dans la photo ci-dessous, dites vous qu'il est riche de quelques dollars de plus et qu'il a vu du pays les semaines dernières. Ne vous étonnez pas si votre vidange a du retard.

La société de la peur


Dit autrement : attention il y a le risque d'un risque !

Le contexte actuel de peur de tout, et de tous, de méfiance comme principe relationnel, et de protection comme rapport au monde, me désespère.

Le commerce du contexte actuel de peur de tout et de tous, de méfiance comme principe relationnel et de protection comme rapport au monde, me désespère encore plus.

Et, je ne sais pas pourquoi je ne suis pas certain du sens de la causalité.

mardi 14 septembre 2010

Voyeurisme scientifique

Spike Walker est un professeur à la retraite. Dans son garage équipé d'un microscope et d'un appareil photo, il explore l'inépuisable créativité des formes du micromonde.

Ma préférée : l'accouchement d'une puce d'eau. Pensée émue pour la bestiole qui a donné la vie, écrapoute entre deux lamelles de microscope.


Pour une série de magnifiques photos c'est ici.

Une vidéo de l'homme au travail, ici.

Et une trouvaille d'Isabelle Lopez qui poursuit sur le même thème : des microbes en peluche. Ci-dessous Clostridium perfringens, plus connu sous le nom de gangrène.

lundi 13 septembre 2010

Orgueil et godillots

Malgré ses finances fragiles, James Joyce menait grand train à Paris.

(J'admets que l'entrée en matière est un peu brutale).


Equilibriste du compte en banque, Joyce avait développé un talent exceptionnel de "quémandeur" (l'expression est de Lévy-Beaulieu) qui lui permit tout au long de sa vie de faire financer par d'autres le faste de son train de vie, contrepartie légitime selon lui pour ce qu'il considérait, avec raison, comme son génie.

Anecdote savoureuse. Je l'intitule : quand le funambule se prend les pieds dans le tapis.

Nous sommes donc à Paris. Joyce a envoyé un message larmoyant à son éditeur, Ezra Pound, se lamentant d'être trop pauvre pour s'acheter des chaussures. La suite, Victor Lévy-Beaulieu la raconte :

"Pour impressionner le monde avec lequel il mangeait, Joyce aimait qu'on lui apporte à sa table le courrier qu'il recevait. Un colis envoyé de Londres par Ezra Pound ne pouvait qu'être impressionnant et Joyce aimait bien jeter de la poudre aux yeux. Mais quand le colis fut ouvert et qu'il en tira les vieilles godasses de Pound [celui-ci avait envoyé de vieilles godasses usées qu'il ne portait plus], il fut consterné et demanda aussitôt à son fils Giorgio de les faire disparaître. Giorgio refusa, et les spectateurs médusés d'assister à une fulgurante engueulade en italien entre le père et le fils". (Victor Lévy-Beaulieu, "James Joyce, l'Irlande, le Québec, les mots", p. 677).

vendredi 10 septembre 2010

jeudi 9 septembre 2010

Photos de voyage


Quimper, 7 septembre, 20H

Et l'assassin est....


Depuis 1947 le nom du meurtrier était un secret bien gardé.
58 années de représentations sans interruption, record de longévité dans le théâtre mondial. Et personne n'avait moufté. De la même façon "Les Diaboliques" de Clouzot, finissait avec la phrase : "« Ne soyez pas "diabolique" ! Ne révélez pas la fin de ce film à vos amis ! ».
"La souricière", pièce de Agatha Christie, n'a jamais été publiée pour ne pas offrir le nom en pâture aux curieux.
Et puis Wikipedia...
Pour vous faire économiser un voyage à Londres et une place de théâtre je cite :

"The murderer's identity is divulged near the end of the play. In a twist ending, it is revealed that the murderer is le colonel Moutarde avec la brosse à dent dans les chiottes, who is not a colonel at all but an insane killer seeking to avenge his brother's death."

mercredi 8 septembre 2010

Choses apprises aujourd'hui 6

Dans les années 70 la France ne produisait pas suffisamment de vin de table pour assouvir sa consommation intérieure malgré les efforts du Carignan. Elle était contrainte d'importer de la bibine.

Une des innovations majeures de Madame de Lafayette dans l'art du roman fut l'abandon des confidents. Auparavant, pour connaître les secrets et les pensées des personages, il fallait que ces derniers se confient à quelqu'un. Hors dans la "Princesse de Clèves" point de confidents. L'auteure entre directement dans la psychée de ses personnages, écrivant ce qu'ils se disent, comme si elle lisait dans leurs pensées. Commentaires acerbes des critiques de l'époque sur le mode : mais comment l'auteur peut-il être au courant ?

Montblanc (les stylos) est une marque allemande.

mardi 7 septembre 2010

14 hommes et 330 000 plantes

A Saint-Petersbourg se trouve l’institut Vavilov, mémoire génétique horticole : 330 000 variétés de plantes, quatrième banque de semences au monde. Aventure scientifique mangeuse d’hommes. Dont son créateur, Nikolaï Vavilov, fondateur en 1921, arrêté par la police politique en 1940 comme « ennemi du peuple ». La menace que pouvait bien représenter un grainetier pour Staline reste pour moi une inconnue. Reste que jusqu’à la mort du dictateur, prononcer le nom de Vavilov s’apparentait au suicide. Allez savoir. Créativité des folies meurtrières.
Treize autres héros. De septembre 1941 à janvier 1944, pendant le siège de Leningrad, treize collaborateurs ont veillé jour et nuit sur la banque de semences. Dormaient sur place. Affamés. N’ont pas touché aux graines, jamais. Même tordus par les crampes au bide. Même chiant liquide. Tous morts de faim. Héros de la biodiversité. Gloire de la science soviétique. Hyperbole de la lutte contre l’eugénisme nazi.

Aujourd’hui l’institut est menacé par les promoteurs immobiliers. Deux des plus beaux bâtiments de Saint-Pétersbourg, pour des graines. Sans déconner, c’est quoi le retour sur investissement ? Pas mieux à faire que des germinations ?

Constat : moi, si j’étais l’une des 330 000 plantes, je virerais paranoïaque.

Note : pour une description saisissante du siège de Leningrad, le très romanesque roman de Benioff : City of thieves.

mercredi 1 septembre 2010

Dix surprises en Colombie

1. Dans les bars un peu rustiques, la culture latine exprime sa galanterie dans le service des bières : un verre pour les femmes, une serviette en papier enroulée autour de la bouteille pour les hommes.

2. L'aéroport de Medellin est le plus perdu en rase campagne qu'il m'ait été donné de fréquenter. Une fois sorti de la ville, 30 minutes de voiture en rase campagne (vaches, eucalyptus et doux reliefs).

3. Il existe en Amazonie une localité nommé Benjamin Constant se présentant comme un alignement de maisons en bois montées sur pilotis le long du Solimoes affluant du grand fleuve. Rien à voir avec le romancier et homme politique, la lieu porte le nom de Benjamin Constant Botelho de Magalhães qui lança le mouvement du 15 novembre 1889 qui proclama la République brésilienne.

4. A Medellin les chauffeurs de taxi arborent au bras qui se pose sur le montant de la fenêtre, une demie manche jaune allant du poignet au coude, assortie vaguement à la couleur des voitures, et support de publicités.

5. Par comparaison avec certains pays d'Afrique, on mesure le degré de développement de la Colombie au fait qu'on peut acheter au marché populaire (foisonnant, boueux, étouffant et sectoriellement puant) d'une ville comme Carthagène, de la nourriture pour animaux domestiques.

6. On mesure aussi la récente amélioration du niveau de vie d'une partie de la population (suite à des années de forte croissance), au fait qu'un nombre qui me parait très important de jeunes adultes sont affublés d'appareils d'orthodontie.

7. Les piranhas sont les poissons les plus voraces et les plus cons de la création : un bout de bois, un mètre de fil, un hameçon et un morceau de chair suffisent pour la pêche. Autre surprise cette pêche peut susciter des réactions de charretière chez les filles de meilleures familles (par exemple lorsqu'un poisson refuse de se laisser ferrer).

8. A Léticia il est possible de dormir en Colombie, petit-déjeuner au Brésil et se promener en matinée dans la forêt péruvienne .

9. 5 heures pour faire moins de 200 km, en 4x4, un samedi matin, sur une route principale en parfait état. Normal.

10. Le musée de l'or de Bogota présente des oeuvres précolombiennes à la beauté graphique et à la finesse de réalisation proprement inimaginables.