mardi 31 mai 2011

En attendant Godot




Les méandres de la curiosité

Le plus étonnant ce n'est pas cet étrange ballet de tracteurs, que nous pouvons situer dans une foire de matériel agricole. Non et de loin !
Le plus étonnant c'est que j'ai passé 7 min. 30 de ma vie à le regarder, et que je ne me souviens pas comment j'ai pu atterrir là.

lundi 30 mai 2011

Three Two One Ignition

Dans un stationnement souterrain, un gars de la construction (un couvreur à en croire les flancs de son camion), travaille avec une grosse bonbonne de gaz qui lui arrive à la poitrine et alimente un chalumeau. Le sien est éteint. Celui de son collègue quelques mètres plus loin crache une flamme vive. A bout de bras, il est en train de la déplacer.
Il porte un tee-shirt noir avec inscrit : "FTQ, leader sur la santé sécurité".
Cigarette aux lèvres, il fume.

(La FTQ est un syndicat de travailleurs)

dimanche 29 mai 2011

Kaputt (fin)

Pas certain d'avoir lu portrait plus cruel. La scène se déroule dans un sauna. (p. 397, édition Folio)
"Il y avait parmi ces êtres nus, assis sur le banc du bas, un homme que je crus reconnaître. La sueur coulait le long de son visage aux pommettes saillantes, où les yeux myopes, privés de leurs lunettes, brillaient d'un éclat blanchâtre et mou, semblable à celui des yeux de poisson. Il tenait le front haut, avec un port d'orgueil et d'insolence, et rejetait de temps en temps la tête en arrière ; à ce brusque mouvement des orbites, des narines, des oreilles dégorgeaient des ruisseaux de sueur, comme s'il eût la tête remplie d'eau. Il tenait ses mains posées sur les genoux, dans une attitude d'écolier puni. Entre les deux avant-bras saillait, quelque peu flasque, un petit ventre gonflé, rose, avec un ombilic bizarrement en relief qui tranchait sur ce ton tendre comme un délicat bouton de rose : un nombril d'enfant dans un ventre de vieux.
Je n'avais jamais vu de ventre aussi nu, aussi rose ; si tendre qu'on avait envie de le tâter de la fourchette. De grosses gouttes de sueur glissaient le long de la poitrine et sur le pubis comme de la rosée sur un buisson. Au-dessous du pubis, pendaient, rabougris et molasses, deux petits oeufs dans un sachet de peau flétrie, froissé comme un sac en papier : il semblait fier de ces deux oeufs comme Hercule de sa virilité. Cet homme paraissait fondre en eau sous nos yeux, tant il suait ; je craignais qu'en quelques instants il ne restât de lui qu'une baudruche vide et flasque, car ses os même semblaient mollir, se gélifier, se dissoudre. Il avait l'aspect d'un sorbet mis au four. Le temps de dire "amen", il n'allait plus rester de lui qu'une flaque de sueur sur le plancher.
Quand Dietl leva le bras et dit Heil Hitler ! l'homme se mit debout et je le reconnus. C'était le personnage de l'ascendeur : c'était Himmler."


Et un autre : (p. 438)
"En fait d'intelligence, le prince de Piémont en avait juste ce qu'il croyait devoir lui suffire ; mais non pas ce que les autres pensaient nécessaire."

"Kaputt" est un livre éblouissant, un "D'un château l'autre" aristocratique. Les images sont fortes, les rencontres avec les puissants perdus, égarés, à moitié fous, sont saisissantes de désespoir. Le style est magnifique, un scalpel d'autopsie. Je recommande.

mercredi 25 mai 2011

Se sentir tout petit

Sur le blogue photo "The big picture" des photos saisissantes et effrayantes :
Tornades aux Etats-Unis, volcan en Islande.
Parfois on se sent vraiment petit.



lundi 23 mai 2011

Webdocu : "Avant l'expo"

« Avant l’Expo », le webdocumentaire de Eric Shings s’intéresse à l’évolution de la ville de Shanghaï au cours des cinq années précédant l’exposition universelle.


Les transformations ont été majeures : des dizaines d’usines détruites, des centaines de milliers d’habitants déplacés dans des nouveaux quartiers, un chantier naval devenu forêt pour le pavillon africain, ou un marché aux poissons transmué en practice de golf. Le commentaire d’un jeune joueur de golf résumé la transformation du quartier : « A l’époque c’était sale et en désordre, en passant je n’osais pas descendre de voiture, parce qu’il y avait une drôle d’odeur. C’est pour cela que ce changement est super. Avant c’était ce qu’il y avait de pire, et maintenant c’est ce qui se fait de mieux ! »

Le document est très bon. Il nous fait entrer dans la vie quotidienne dans l’antre de la ville. Il nous ouvre aussi les portes des usines, des aciéries, des chantiers navals. Vision de méthode de travail archaïques, dangereuses et probablement peu productives. Graphiquement le choix d’un écran partagé en deux films, très habilement utilisé, permet de créer un décalage plus ou moins grand dans la perception qui élargit le regard, et fait prendre conscience des détails sans jamais perdre l’internaute.


Sur le fond, il montre le croisement de trois Chine autour du chantier : la classe moyenne qui profite du boom économique, la Chine d’avant (les vieux, les ouvriers, etc.) qui ne trouve plus vraiment sa place et les paysans qui viennent sur les chantiers gagner de l’argent avant de retourner chez eux.

Et une surprise majeure : la volonté de préservation du patrimoine historique et essentiellement industriel, nouvelle en Chine, confirmés par l’architecte en chef : « c’est ce changement de mentalité qui montre si la Chine progresse ». Quand on repense à la révolution culturelle de Mao, on se dit qu’effectivement quelque chose a changé.
Dans le même ordre d’idée, j’ai été surpris de voir que certains résistaient et refusaient de vendre. Leurs maisons-clous se dressaient dans des champs de ruines. J’aurais imaginé que ce type de résistance aurait été impossible.

Et toujours une confiance incroyable dans l’avenir, dont on ne sait pas vraiment distinguer ce qui relève de l’endoctrinement, de la crainte du régime et de l’authenticité. Il faut cependant remarquer que les habitants déplacés constatent dans leurs nouveaux appartements les éléments concrets d’un nouveau confort auquel ils n’osaient pas rêver.

Et une question : Que sont devenus tous ces gravats ?

Quelques citations :
« La grande famille est plus importante que la petite famille »

« Au début les gens croyaient que c’était bien d’être ouvrier, après ils se sont rendu compte que c’était fatiguant »

« Il y a de l’argent à gagner, le parti communiste est si bon (éclats de rire) »

samedi 21 mai 2011

La fin des machines (à écrire)

La Royal portable d'Hemingway.
L'Olympia de Paul Auster.
L'Underwood de Chandler.
L'Olivetti Lettera 32 de Mc Carthy.

Et puis l'administration indienne a décidé de passer à l'informatique. Son dernier client perdu, l'usine de Godrej & Boyce a décidé de cesser la fabrication passée de 50.000 unités en 1990 à 800 en 2010.

Mark Twain était le premier écrivain à remettre un texte tapé à la machine à un éditeur.

Godrej & Boyce était la dernière usine sur Terre à fabriquer des machines à écrire.

jeudi 19 mai 2011

Ramsès II, ça gratte pas sous ton bandage ?

En 1235 avant J.-C. décédait Ramsès II, roux, 1 mètre 72, atteint d'une maladie qui le voûtait à la fin de sa vie (il est probable qu'il fut nécessaire de lui briser des vertèbres cervicales pour l'étendre sur la table d'embaumement).

Deux anecdotes que je ne connaissais pas sur le sujet apprises aujourd'hui.

Au début du XXème siècle, l'intérêt pour les momies était à son apogée. Les gens du monde se réunissaient pour assister à leur débandellettage. La morale de l'époque s'en accommodait... En revanche, lorsque le 3 janvier 1907, Colette monta sur la scène du Moulin-Rouge dans le cadre de la revue Rêve d'Egypte que sa maîtresse, Mathilde de Morny, lumière rougeoyante et musique, lui ôta ses bandelettes : scandale, morale, le préfet interdit le spectacle.


70 ans plus tard, la France souhaite organiser une grande exposition autour de la momie. Mais celle-ci se révèle en mauvais état, putrescente pour tout dire. L'Egypte ne dispose pas à l'époque des moyens pour résoudre le problème. La France se propose, mais le gouvernement du Caire refuse. Pour débloquer la situation Giscard propose alors d'accueillir la momie avec tous les égards dus à un chef d'Etat. L'idée débloque la situation. Et la momie de débarquer de l'avion, musique militaire et drapeaux, puis sur le chemin du musée de l'homme, détour par la place de la Concorde afin que Ramsès II puisse contempler son obélisque.

La momie passera huit mois dans les labos du musée, se fera irradier pour tuer les champignons à l'origine de sa dégradation avant de retourner passer son éternité au bord du Nil. Ppur que les pharaons soient éternels il fallait que l'on continue de prononcer leur nom après leur mort (d'où les bas-reliefs et les hagiographies hiéroglyphes et les effaçages de bas-reliefs et hagiographies hiéroglyphes). C'était ma contribution. Avec plaisir Ramsès.

Pastékaze

J'imaginais des explosions spectaculaires, des chairs rouges, dégoulinantes projetées en l'air, hachées, éclaboussures de jus et odeur envoûtante. Quelque chose comme une apocalypse sensuelle.
Et puis j'ai vu les photos.


Bref à Danyang, Chine, 50 hectares de pastèques se sont fendues. Certains accusent le forchlorfenuron, un produit chimique accélérateur de croissance. D'autres la pluie, les fortes précipitations qui... oh puis on s'en fout.

mardi 17 mai 2011

Marcher sur l'eau

Pour s'amuser en eau calme il existe beaucoup d'activités : de la natation synchronisée au kite surf, en passant par la planche pour ceux à l'humeur méditative.
Mais l'humanité a tout de même trouvé nécessaire d'inventer ça. Précisément Jetlev a été développé à partir du début des années 2000, inspiré par les images de science fiction des années 50. Prototype achevé en 2008 et modèle commercial en mars 2011.


Le pilote traine un petit bateau (que l'on ne voit jamais sur les images) dans lequel se trouve le moteur et la pompe. Vitesse maximale 35 km/h, autonomie de 2 à 3 heures (100 litres d'essence). Plafond de vol : 8,5 mètres.
99 500 dollars. Alors quel avenir ? Moto marine (succès) ou Segway (échec) ? Je prévois un triomphe à Dubaï, Miami et Ibiza.

lundi 16 mai 2011

Stock de grains

Je connaissais l'effort des Mormons pour recenser l'ensemble des personnes ayant vécu sur Terre, celui de Google pour tout numériser. Je viens de découvrir le grainetier du Global Crops Diversity Trust à Svalbard dans lequel seront stockées à -18°C des échantillons de toutes les graines ou semences identifiées ou produites autour du globe. Identifiées cela signifie dans la nature, produites cela signifiée par le génie génétique des grandes compagnies comme Monsanto.

L'objectif : protéger la biodiversité de la planète en un lieu retiré et protégé. Le GCDT est financé par les Nations Unies, la Banque Mondiale et le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale.

Le lieu est une cave couloir de 100 mètres de long, à 120 mètres de profondeur dans les montagnes du Spitzberg : moins -5°C en moyenne annuelle, 2500 habitants, 3000 ours.

Potentiel : 4,5 millions d'échantillons, le double d'espèces connues actuellement. Au printemps 2011, plus de 645 000 échantillons étaient déposés par presque tous les pays de la planète.
Question : combien de temps peut tenir une graine ? Tous les cinq au cours des cent prochaines années des prélèvements permettront de voir si les graines germent.

Les graines sont déposées par les Etats, propriétaire des droits sur les gènes des essences naturelles ou les compagnies qui détiennent les droits sur les graines modifiées. Ainsi dans le cadre de la convention sur la biodiversité, si l'on veut exploiter des végétaux commercialement, on doit payer des droits aux Etats.

Reportage vidéo ici.

Source : universcience.tv

samedi 14 mai 2011

Kaputt (2)

"J'ai perdu l'habitude d'agir : je suis un Italien. Nous ne savons plus agir, nous ne savons plus prendre aucune responsabilité après vingt ans d'esclavage. Moi aussi, comme tous les Italiens, j'ai l'épine dorsale brisée. Au cours de ces vingt ans, nous avons employé toute notre énergie à survivre. Nous ne sommes plus bons à rien. Nous ne savons qu'applaudir. Voulez-vous que j'aille applaudir le général von Schobert et le colonel Lupu ? Si vous voulez, je puis allez jusqu'à Bucarest applaudir le maréchal Antonesco, le "chien rouge" au cas où ça pourrait vous être utile. Je ne peux rien faire d'autre. Vous voudriez peut-être que je me sacrifie inutilement pour vous, que je me fasse tuer place Inurii pour défendre les Juifs de Jassy ? Si j'étais capable de cela, je me serais déjà fait tuer sur une place d'Italie pour défendre les Italiens. Nous n'osons plus et nous ne savons plus agir, voilà la vérité, conclus-je en tournant la tête pour essayer de cacher la rougeur de mon front." (Page 146)
Note : Ne pas se tromper sur la portée de ce paragraphe. Ne pas y voir simplement le dégoût de lui-même d'un homme qui n'ose pas agir face à l'horreur dont il est le témoin. Etre assez honnête pour en percevoir l'universalité.

"Un journal où Azana note jour par jour, heure par heure, les plus petits détails et, apparemment, les plus insignifiants de la révolution et de la guerre civile : la couleur du ciel à une certaine heure d'un certain jour, la voix d'une fontaine, le bruissement du vent dans les feuilles d'arbres, l'écho des coups de fusil tirés dans une rue voisine, la pâleur ou l'arrogance ou la pitié ou la peur ou le cynisme ou la trahison ou la simulation ou l'égoïsme - des évêques, des généraux, des hommes politiques, des courtisans, des notables, des chefs de syndicats, de grands d'Espagne, des anarchistes, qui venaient le trouver, lui donner des conseils, postuler, faire des offres, traiter, se vendre, trahir." (Page 235)
Note : Moi qui suis un amateur d'énumérations, je reconnais un maître. Quatre thèmes dans la même liste.

"Solitaire, pur, essentiel, abstrait, il ressemblait à une colonne dorique, ce Feldwebel debout sur le bord du Danube, unique arbitre de cet énorme trafic d'hommes et de véhicules." (Page 287)
Note : Quelle phrase magnifique !

vendredi 13 mai 2011

En route pour la passe de Lowari

Un reportage incroyable nous emmène sur la route entre Dir et Chitral, dans les montagnes de la zone tribale au Nord Ouest du Pakistan. Cette "route de l'enfer", de 240 km, est la seule voie d'acheminement des marchandises dans ces vallées éloignées.
Des camions sans âge, mais magnifiques, des précipices, des roches qui déboulent, des effondrement, des torrents à traverser, de la boue qui empêche l'usage du frein et apparente la conduite à de la glisse en luge, des chauffeurs drogué au hash : la route est une des plus dangereuses de la planète. Ca fume, grince, et claque.
Une apogée : la passe de Lowari oblige à monter à 3100 mètres d'altitude, là où la route rogne les glaces éternelles, là où le manque d'oxygène endort les chauffeurs et leurs assistants. e
Un camion vaut autour de 45 000 dollars, les chauffeurs sont payés 60$ par mois. L'ambition ultime est évidemment de posséder son truck. Et de vivre assez longtemps pour profiter.

Le reportage durée 20 min., en Anglais, impressionnant. Et c'est sur le site d'Aljazeera, pas tous les jours que l'on y faire un tour.


Remarquez le rocher qui déboule dans les deux photos suivantes :























mercredi 11 mai 2011

Les trente foireuses

Survol très talentueux des 30 dernières années politiques, 'les trente foireuses".
Tout est bon, tout est juste. Le projet est de Laurent Sciamma.

mardi 10 mai 2011

Yom & The wonder rabbis

Sur le site de Akadem, le campus numérique juif, un concert de Yom & The wonder rabbis.

Si vous voulez voyager le long du Danube, en Lada, en bateau, en champignon magique ou en musique...

dimanche 8 mai 2011

Les limites de la ville

C'est arrivé vers moi par des voies détournées (merci Mac Fafard). Un magnifique travail de Dominic Boudreault.
Avec dedans des bouts de Montréal, Québec, Toronto, Manhattan et Chicago. Et des séquences finales éblouissantes.

Timelapse - The City Limits from Dominic on Vimeo.

jeudi 5 mai 2011

Claude Choules



Claude Choules nait le 3 mars 1901 à Wyre Piddle dans les Midlands. Je n’ai de lui que quelques échos d’une vaste vie. A quatorze ans il ment sur son âge pour s’engager dans la Royal Navy. En 1926 il émigre en Australie. Il fait la seconde guerre mondiale comme officier dans la marine australienne, puis finit sa carrière comme pêcheur. Il a deux filles, treize petits-enfants, vingt-six arrière-petits enfants et deux arrière-arrière-petits enfants. Je sais aussi de lui qu’il détestait la guerre et aimait le jus de mangue et les chocolats mous.
Quelques échos vous disais-je.
Claude Choules était le dernier combattant vivant de la première guerre mondiale.
Reste Florence Green, 108 ans. Elle servait dans la Royal Air France, mais n’avait jamais combattu.



Correction : les échos s'amplifient.
Sa page sur Wikipedia, en Anglais, en Français.
Son autobiographie publiée en 2009 s'appelle : The last of the last

lundi 2 mai 2011

La physique quantique selon Alexandre Astier

J’ai découvert par hasard cette conférence d’Alexandre Astier sur la physique quantique. C’est brillant.

Ce type a pour moi la production la plus intelligente de tous les humoristes. Peut-être parce qu’il ne cherche pas à faire rire. Me paraît plus un tragédien, angoissé, pour qui l’humour est une élégance de style. L’évolution de Kaamelott en est, selon moi, une belle illustration.

Sa conclusion est magnifique :
« Je finirai par répondre à Blaise Pascal qui disait que le silence éternel des espaces infinis l’effrayait, en lui répondant et bien que c’est exactement l’éternité de l’espace qui a permis la complexité moléculaire dont nous sommes faits. Nous sommes les enfants des silences éternels des espaces infinis. Voilà Blaise Pascal ça c’est pour ton petit cul. »

En trois parties (total : 15 min.) :


dimanche 1 mai 2011

Kaputt (1)

Dialogue dans Kaputt de Malaparte (page 115-116 chez Folio) au sujet de la situation dans le ghetto de Varsovie :

- Il nous faut reconnaître que la faute (la saleté dans laquelle les juifs vivent) n'en est pas entièrement aux juifs, dit Frank (le gouverneur de la Pologne). L'espace dans lequel ils sont enfermés est plutôt réduit pour une population aussi nombreuse. Mais les Juifs, au fond, aiment vivre dans la saleté. La saleté est leur assaisonnement naturel. (...) Il est douloureux de constater qu'ils meurent comme des rats.
- Il me semble qu'ils n'apprécient pas beaucoup l'honneur de vivre. Je veux dire l'honneur de vivre comme des rats.
- Quand je dis qu'ils meurent comme des rats, je n'ai pas la moindre intention de les critiquer, dit Frank. C'est une simple constatation.

Cette dernière phrase est l'une des expressions les plus fortes d'inhumanité qu'il m'ait été donné de lire ou d'entendre.

La Zone : de l'utilité du Webdocu

La zone n’est pas un documentaire sur Tchernobyl, mais sur la vie dans la zone irradiée et sur la vie dans l’après-communisme de l’Europe de l’Est.



Des bribes d’histoires de vie, atmosphères des lieux : caméra posée devant des bâtiments qui capte le temps qui passe ou plutôt ne passe pas, caméra posée sur des plages au bord du fleuve qui baigne les réacteurs, caméra posée dans un bar, une boîte de nuit, une salle de billard.
Galerie de portraits saisissants. Le millionnaire qui fouille les bois à la recherche de soldats allemands pour les enterrer dignement et ainsi finir enfin la seconde guerre mondiale, le jeune couple revenu dans un village malgré l’interdiction, parce que les maisons y sont gratuites et que la campagne est un bon environnement pour élever leur fille, les trafiquants qui décontaminent le métal dans un atelier défoncé de la centrale avant de le revendre, les vieux qui meurent là parce qu’il ne peut y avoir d’ailleurs dans leur vie.

Approche impressionniste, sensorielle, travail superbe sur l’image et le son qui nous immerge plus qu’il nous raconte.
Glaçant.

Cela me rappelle l’apocalyptique roman ‘La Route’ de McCarthy. Et c’est peut-être plus fort encore.

Tout l'intérêt du webdocu : riche dans l'utilisation du multimedia, laissant à chacun la possibilité de circuler et de construire sa propre expérience de compréhension du sujet étudié.