mardi 23 août 2011

10 + 2 choses sur l'Abitibi


1. Il y a vraiment beaucoup d'arbres.

2. Le ciel est magnifique. Paraît incroyablement grand. Les arbres tout petits en dessous. Et l'on se sent réconforté, comme sous une couverture.

3. Les oursons commencent par lécher le glaçage quand ils mangent des brioches.

4. Dans les restaurants à Amos, les serveurs ne proposent pas d'eau embouteillée. Le robinet délivre une eau d'esker parmi les plus pures au monde. Les verres d'eau se remplissent comme s'ils étaient directement sous la source. Alors nous on a bu du vin.

5. A Spirit Lake, à une dizaine de kilomètres d'Amos, un camp d'emprisonnement a regroupé les habitants du Québec, parfois citoyens canadiens, originaires des pays contre lesquels le Royaume-Uni était en guerre pendant la première guerre mondiale. Au maximum 1144 ukrainiens, allemands, autrichiens ou turcs ont été forcés de travailler et se sont gelés en hiver dans des bâtiments en planches sans isolation. Un seul a tenté de s'évader. Il est revenu couché sur une draisine avec une balle dans le coeur.

6. Les villes ont un plan étrange. On y cherche désespérément un centre. Les maisons basses s'étalent. Tout cela est quadrillé méthodiquement, grignoté parfois par les usines ou les mines.

7. Dans la mine d'or de Val d'Or quand le mineur avait fini son shift, il passait à poil devant le préposé pour s'assurer qu'il n'emportait pas du minerai. Certains ont réussi à tricher en dissimulant de la rocaille du fond dans un espace ménagé au centre d'un savon qui se scellait en séchant. La compagnie a mis des années à s'en rendre compte. Rien n'est dit sur une technique suppositoire.

8. Pendant l'ouverture du territoire, les infirmières de colonie, véritables médecins de campagne, n'avaient pas le droit de se marier sous peine de voir rompu leur contrat avec le gouvernement.

9. L'occupation du territoire d'Amos remonte à 1910. On y accédait à l'époque dans des bateaux qui ressemblent à l'African Queen. On voit sur les photos d'époque de l'Harricana, des berges boueuses en pente douce, des bâtisses de planches d'où sortent des rampes où glissent des billes de bois vers les bateaux à étages ou les barges qui les embarqueront. Un regard rapide pourrait nous tromper, et l'on pourrait se croire sur les bords de l'Amazone. Gemellité des fleuves au delà du temps et de l'espace.

10. A l'époque quand on construisait des rues on taillait dans le bois, directement. On repoussait la frontière un peu plus loin pour assurer le développement économique et humain du territoire. Je comprends mieux le terme de "développement" que l'on utilise au Québec pour désigner les opérations immobilières. (la photo ci-dessous montre l'ouverture d'une rue à Amos dans les années 20).



10 + 1. J'ai trouvé en Abitibi un panneau de signalisation endogène très sympathique.


10 + 2. "Un pot de miel c'est comme une lavalampe mais en mieux, parce que tu peux le manger".

Zaza Fournier au coin de l'épinette

J'ai découvert cette chanson sur une route de l'Abitibi, plus très loin de Val d'Or, une heure du matin. Les arbres en enfilade. Suis mes lignes blanches et jaune, glisse sur les ondulations douces de l'asphalte, le toit ouvert sur un ciel noir tout piqué de blanc.
(Diagnostic du ciel d'Abitibi par un urbain : instabilité émotionnelle, mise en scène de soi extravagante, et sacrée picote blanche la nuit. Pronostic réservé).
Podcast sur l'avenir du journalisme dans les oreilles. Isabelle qui dort à côté. Et puis surprise : "Une vodka à la fraise" de Zaza Fournier.
Tout l'album est ainsi pop rétro sophistiquée.

jeudi 11 août 2011

Sperkenstein

Mitinori Saitou et son équipe ont réussi l'exploit de créer des spermatozoïdes à partir de cellules souches. Plusieurs étapes :
1. créer des cellules germinales primordiales (les CGP sont des cellules à l'origine des spermatozoïdes et des ovules) à partir de cellules souches.
2. Réinjecter les CGP dans les testicules d'animaux stériles.
3. Récupérer le sperme ainsi créer pour procéder à une fécondation in vitro.
Des souriceaux fertiles sont nés. Ils sont en photo ci-dessous.


Selon Gabriel Livera, directeur du laboratoire de développement des gonades du Commissariat à l'énergie atomique, il s'agit «d'une percée majeure dans le domaine de la biologie de la reproduction». Au final, ce qui m'impressionne le plus c'est le titre de ce Gabriel Livera.

Question :
L'année dernière : reproduction de souris à partir de deux ovules. Cette année : création de spermatozoïdes de souris artificiels. Mais quelle est l'ambition machiavélique derrière cette volonté d'investir des millions pour assurer une reproduction des souris. Les scientifiques ont-ils vu la "planète des singes" ?

mercredi 10 août 2011

Promenade dans Québec

La ville réserve de bien étranges choses. Exemples dans mon trajet d'aujourd'hui.

Marketing fait à la maison en devanture de ce magasin qui vend revues, livres, antiquités et figurines d'occasion. Sur les différents cartons on peut lire :
- "Ici c'est incroyable"
- "Nous liquidons"
- "Hey toi viens voir tu verras"
- "K C TA TAN" (Note du promeneur : la question est bonne)



L'agence de placement pour danseuses a fermé. J'avais toujours voulu la prendre en photo, en particulier à cause de son petit panneau format feuille d'imprimante posé dans la vitrine à côté de la porte avertissant d'une limite d'âge. Comme ce n'était pas un bureau de recrutement du Bolchoï, il s'agissait d'un âge minimum. 18 ans.
Bon ben je m'y suis pris trop tard. J'ai raté le papier.



Un escalier pour chats, mignon, le long d'un bloc, brinquebalant. Et l'on peut constater aux traces imprimées dans le béton qu'il est utilisé.





Accrochés sur un cable de téléphone, tout en haut d'un escalier reliant la basse à la haute ville, ces poneys. Allez savoir.
J'ai constaté ce soir depuis mon balcon que la même mésaventure était arrivée à une paire de Converse. Une mode peut-être.



Les chats peintres (je suis sûr de rater un jeu de mots)


Merci Isabelle pour l’incroyable découverte.

« Le mystère des chats peintres », sous-titré « théorie de l’esthétique féline », publié chez Taschen en 1994, est un bonheur. Des critiques d’art analysent les œuvres de douze chats peintres, sculpteurs ou plasticiens. Dernier cas étudié avec un vertigineux sérieux.

Radar (l’artiste chat), une femelle British Shortair Blacktipped de sept ans vivant à Santa Monica, a eu la chance d’avoir des maîtres assez éclairés pour l’encourager dans ce mode d’expression. (…) Ils ont photographié un nombre impressionnant de ses œuvres et ont même pris une vidéo (que Radar ne se lasse jamais de revoir) d’une de ses installations cinétiques. On y voit une libellule sans ailes en interaction avec une musaraigne agonisante : une œuvre troublante, terriblement poignante qui, parfois, donne l’impression de toucher au blasphème. A la différence d’autres « installationnistes » live célèbres, Bully, à Seoul (aiguilles à tricoter et poissons) ou Moro, à Milan (poupées en carton et serpents), Radar ne travaille que sur des objets vivants ou qui l’ont été.


Silver finit en citant le critique John Ribberts au sujet de l’installation de Radar photographiée ci-dessus : « Entre toutes ses œuvres, j’ai surtout été touché par la plus simple, Sous-ris, un tableau merveilleux d’équilibre et de sérénité où deux souris mortes semblent flotter ensemble sur un océan gris et calme. Minuscules, humides, ébouriffées, elles surnagent, comme portées par quelque force puissante, mais seules leurs têtes se touchent : union d’une intense spiritualité, vision d’une fugace harmonie rendue douloureusement éphémère par l’écart qui s’ouvre entre leurs corps et va s’élargissant jusqu’aux longues queues sinueuses. Radar montre ainsi sa double fascination pour l’inévitabilité de la séparation et pour la lutte nécessaire pour rétablir le contact. Mais, comment y parvenir sans abandonner ce sens profond de l’indépendance féline que l’artiste doit ressentir au plus profond de son être ? ».

Burton Silver est aussi l’auteur de l’ouvrage de référence : « l’esthétique des déjections ornithologiques », et de l’audacieux autant que classique : « sculpture érotique japonaise sur papier de notre époque ». Il vit en Nouvelle-Zélande.

« Le mystère des chats peintres » compte 95 pages.

dimanche 7 août 2011

Stronger by weakness

Superbe série de photos sur la vieillesse, merveilleusement intitulée "Stronger by weakness", ce que l'on pourrait traduire par : "Rendus plus fort par leur faiblesse". L'expression est de Edmund Waller (poète anglais du XVIIème siècle, merci Wikipedia).
Steven Curry est un photoreporter réputé. A publié plusieurs livres. Son travail, accessible sur son site, est vraiment à voir (direction les galeries). Attention la série sur la guerre est vraiment très très intense.
Son site est ici.
Son blogue est là. Il rebrasse les photos disponibles sur le site avec des angles différents..




vendredi 5 août 2011

Dehors novembre - Les Colocs

Et le meilleur disque francophone que j'ai écouté depuis des années date de .................. 1998.
Il s'agit de "Dehors Novembre" des Colocs. Je connaissais le premier. Le film "Dédé dans la brume" m'a amené à découvrir le dernier.
Belzébuth, le Répondeur et Dehors Novembre sont trois chansons qui me touchent profondément.





Pour les non-québécois, le leader du groupe, André Fortin, dit Dédé Fortin, s'est suicidé en 2000. Ses amis, sans nouvelles depuis deux jours, sont passés chez lui. S'était ouvert le ventre. Du sang partout dans l'appartement. L'agonie avait été longue et solitaire. Lisait Mishima, Cioran, Lautréamont.

lundi 1 août 2011

Au commencement était l'excuse bidon

Manifestation de créativité d'Isabelle Lopez Pendant la vaisselle :

Dieu, Bouddha, Allah et Krishna sont ensemble, « comme dans la chanson de Jean Leloup » précise-t-elle. Dieu mâchonne, Krishna l’interpelle : « qu’est ce que tu mâches ?
- Presque rien, répond Dieu, juste une côtelette d’Hommes.
- Rien… rien…. Ça fait trois snacks que tu te fais, s’insurge Bouddha. On s’était dit qu’on touchait pas aux Hommes !
Voilà Dieu prit la main dans le sac. Alors pour s’en sortir :
- Ne vous méprenez pas, je suis en train de créer quelque chose….
- On a bien hâte de voir le résultat.
Alors il sortit de sa bouche la côtelette à moitié mâchouillée et inventa la femme.

Conclusion importante : depuis la femme sait qu'elle a sauvé l'homme de l'extermination.