"La blessure, la vraie", François Bégaudeau chez Verticales.
Très bon livre. Un style et un ton qui réussissent à nous rendre la vision du monde d'un adolescent des années 80.
Le texte est précisément inscrit dans un espace temps balisé par les événements (sportifs) de l'époque, les marques et la géographie autour de Saint Michel en L'Herm. Je ne sais pas si cela parle autant à ceux qui n'ont pas été ados dans cette décennie pourrie.
Et pourtant. J'ai lu il y a quelques semaines "Indignation" de Philippe Roth, livre sublime, sur un adolescent américain dans les années 50. Un ado sur le tard qui ne se voit pas de place dans la vie, et à qui, par compassion, la vie ne fait pas de place. Des thèmes récurrents : la difficulté à se trouver quand on est un ado développé du surmoi, quand les filles se pâment devant des bellâtres poilus et irradiants de testostérone.
Bégaudeau donc, une citation qui donne le ton :
"Comment faire pour dire à Emilie que je l'aime. Si je l'aimais les mots viendraient plus facilement j'imagine. Peut-être lui écrire un autre poème, celui par lettre était trop dans le registre absurde, une histoire de lampadaire philatéliste, j'avais bien senti sa déception que ça ne parle pas d'elle directement. Cette fois j'axerai sur l'amour et tout." (p. 27)
jeudi 21 avril 2011
Зверье подводное
Photos sous-marines magnifiques.
Signées Alexander Semenov.
Le blogue est ici. Cliquez sur : ГАЛЕРЕЯ pour accéder aux photos.
Merci Liberation.fr/ecrans pour le lien.
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mardi 19 avril 2011
Adrienne Bolland
Une femme est ivre à la table d’à côté. L’homme à travers les cris et les rires a compris qu’elle a perdu une grosse somme aux courses. Ce serait une soirée comme une autre, une femme de plus que des hommes saoulent au Champagne, si elle ne se montait pas sur sa chaise, pour dire, hommes accrochés à la jupe comme pour la retenir de s’envoler : « Et puisqu’il en est ainsi je vais faire de l’aviation ». Et pourquoi pas, on a temps besoin de pilotes à l’usine et puis cette femme dégage une telle énergie, alors l’homme répond : « Vous devriez essayer chez Caudron, il offre une bourse pour apprendre à piloter. »
Adrienne Bolland passe son brevet de pilote en novembre 1919, deux mois après son baptême. Du talent, mais sale caractère, et portée à faire le coup de poing plutôt que d’argumenter. René Caudron voit très vite le parti qu’il peut tirer d’une telle femme. Il organise une traversée de la Manche. Elle décolle, disparait dans les nuages, n’atteint jamais les côtes anglaises. Les journaux l’annoncent morte. Alors qu’elle avait viré à droite et brûlé sa nuit à Bruxelles avec ses amis. Commentaire : « Si je me suis noyée cette nuit là, ce n’est sûrement pas dans l’eau, il faut le dire… ».
Les succès d’Adrienne Bolland vont suivre. En 1920 elle est la seconde femme à traverser la Manche. En 1921, lassée d’attendre le nouvel avion que Caudron lui avait promis, elle s’élance, première femme, à l’assaut des Andes, sur un G3, frêle assemblage de bois et de tôle, avion d’observation conçu avant guerre. Biplan. 13, 40 mètres d’envergure, 6,40 mètres de longueur, 778 kilogrammes, 115 km/h de vitesse maximale, moteur de 80 chevaux et 4200 mètres de plafond, soit la hauteur des montagnes qu’il faut survoler. L’avion sera donc poussé à sa limite. Adrienne aussi. Pas de pare-brise : les vaisseaux de son visage explosent sous l’effet du froid et de la vitesse. Les Argentins la baptisent la « Déesse des Andes ». L'ambassadeur de France n'assiste pas à l'arrivée. Il avait cru à un canular. La France s’en fout.
Caudron la licencie en 1923, sur les conseils jaloux de sa jeune femme. Mademoiselle Bolland écume alors les meetings aériens et bat en 1924 le record féminin de loopings en série : 212. La presse s’intéresse. En 1933 elle survit à un crash victime d’un sabotage. Puis s’engage : au côté des suffragettes, des républicains espagnols, des résistants, puis de toutes les causes qui tout au long de sa vie lui sembleront justes.
Elle meurt en 1975.
Quelqu’un, un jour, employé de la mairie d’Arcueil chargé de l’état civil selon Wikipedia, ou secrétaire chez Caudron selon Air France Magazine, se trompa et ajouta un second L au nom de son père. Adrienne Bolland, avec deux L.
Source : Air France Magazine, n°168, 176-181.
lundi 18 avril 2011
mardi 12 avril 2011
Surréalisme de tour de table
Et ce fut son tour de se présenter. Il dit : "Je suis le représentant du carrefour à la table".
vendredi 8 avril 2011
Destin de forts
Pendant la seconde guerre mondiale, le Royaume-Uni a construit au large de ses côtes une série de forts, sortes de plateformes posées comme des insectes sur l’eau, destinés à accueillir des forces de protection anti-aérienne. Après la guerre, la plupart furent abandonnées, corps rouillés agressés par les vagues et rongés par le sel. D’autres devinrent des bases météo. Deux eurent des destinées plus romanesques.
Shivering Sands est un ensemble de plateformes au large de la Tamise. En 1964, au moment du développement des radios pirates, Radio Sutch s’installa dans ces locaux. L’aventure partit en déliquescence avec l’assassinat de son manager, Reginald Calvert, par un autre pirate radio rival. En 2005, Stephen Turner, artiste, passa seul six semaines dans ces locaux perdus dans une expérience qu’il qualifia de « exploration artistique de l’isolement (…) pour approfondir ce que la contemplation créative signifie dans le contexte du XXIème siècle. »
Sealand est un micro-état situé dans les eaux internationales quelque part dans la Manche. Il occupe 550 mètres carrés de tôle, à 10 km des côtes. Le 25 décembre 1966, Roy Bates, vétéran de la seconde guerre mondiale, descendant dignement de son bateau de pêche, prend possession de la plateforme, s’appuyant sur la tradition du droit maritime. Le 2 septembre 1967 il déclare l’indépendance de la principauté et se proclame souverain du Sealand. Drapeau de rayures diagonales : rouge, blanc et noir. A son apogée, le lieu a connu une densité de capitale : 9 090, 90 hab/km2 (deux plus importantes qu’à Montréal, deux fois moins grande qu’à Paris), 5 habitants. Histoire agitée du territoire : en 1978 putsch du premier ministre qui aidé de mercenaires allemands et néerlandais prend d’assaut le meritoire, kidnappe le prince et le libère aux Pays-Bas. Celui ci sautera d’un hélicoptère de l’armée pour reconquérir la grosse conserve sur pilotis. Problème pour l’avenir : en 1987 le Royaume-Uni décide de l’extension de ses eaux territoriales en s’appuyant sur le droit international. Du coup la principauté se retrouve au Royaume-Uni. Débat juridique. Mais peu importe, le roi et vieux, la plateforme est en vente : 27 000 euros par mètre carré.
Source : Wikipedia
Shivering Sands est un ensemble de plateformes au large de la Tamise. En 1964, au moment du développement des radios pirates, Radio Sutch s’installa dans ces locaux. L’aventure partit en déliquescence avec l’assassinat de son manager, Reginald Calvert, par un autre pirate radio rival. En 2005, Stephen Turner, artiste, passa seul six semaines dans ces locaux perdus dans une expérience qu’il qualifia de « exploration artistique de l’isolement (…) pour approfondir ce que la contemplation créative signifie dans le contexte du XXIème siècle. »
Sealand est un micro-état situé dans les eaux internationales quelque part dans la Manche. Il occupe 550 mètres carrés de tôle, à 10 km des côtes. Le 25 décembre 1966, Roy Bates, vétéran de la seconde guerre mondiale, descendant dignement de son bateau de pêche, prend possession de la plateforme, s’appuyant sur la tradition du droit maritime. Le 2 septembre 1967 il déclare l’indépendance de la principauté et se proclame souverain du Sealand. Drapeau de rayures diagonales : rouge, blanc et noir. A son apogée, le lieu a connu une densité de capitale : 9 090, 90 hab/km2 (deux plus importantes qu’à Montréal, deux fois moins grande qu’à Paris), 5 habitants. Histoire agitée du territoire : en 1978 putsch du premier ministre qui aidé de mercenaires allemands et néerlandais prend d’assaut le meritoire, kidnappe le prince et le libère aux Pays-Bas. Celui ci sautera d’un hélicoptère de l’armée pour reconquérir la grosse conserve sur pilotis. Problème pour l’avenir : en 1987 le Royaume-Uni décide de l’extension de ses eaux territoriales en s’appuyant sur le droit international. Du coup la principauté se retrouve au Royaume-Uni. Débat juridique. Mais peu importe, le roi et vieux, la plateforme est en vente : 27 000 euros par mètre carré.
Source : Wikipedia
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