Dans son album "Old Ideas", pour la première fois Cohen se permettra de flirter avec le blues.
Il explique dans un excellent article du Point signé de Sacha Reins (n°2054, p. 114-116) : "Jusqu'à présent je ne me sentais pas autorisé à aborder le blues, mais j'ai senti que cette interdiction était levée".
Une histoire, résumé les polarités du personnages : "Il y est resté cinq ans (dans un monastère bouddhique au sommet d'une montagne de Californie). Levé à 3 heures pour 5 heures de méditation et une semaine par mois, méditation de 3 du matin à 9 heures du soir. Le reste du temps est voué aux tâches domestiques. Mais tous les six mois, les moines me laissaient partir deux semaines. Il s'installait alors dans un palace et s'adonnait à ses deux passions dévorantes : les femmes et les grands bordeaux."
A la fin des années 2000 il quitte le monastère, ruiné par sa manageuse, son amante aussi. "Quand on cherche l'illumination divine et l'extase de la chair, on ne peut pas en même temps surveiller les cours de bourse".
Cet homme est d'une élégance exquise.
jeudi 26 janvier 2012
mardi 10 janvier 2012
Architecture navale
Cette entrevue publiée sur le site de voila.fr (propos recueillis par Axel Capron) est absolument passionnante. C'est même surprenant de lire quelque chose d'aussi intéressant dans des pages sportives : amortisseurs de foils, ailes rigides, coques souples, tout y passe.
(Je copie / colle pour éviter de voir disparaître la page dans les limbes du net).
Vidéo de l'hydroptère lors du record de vitesse sur un mile (plus de 50 noeuds de moyenne).
L'avenir appartient aux bateaux qui volent
En s'emparant du Trophée Jules-Verne en 45 jours 13h42'53", Banque Populaire V a mis la barre très haut, au point de sembler le seul capable aujourd'hui de faire mieux. Et à plus long terme ? L'Hydroptère, le bateau le plus rapide du monde sur un mille, pourrait être la solution, Alain Thébault, qui porte le projet depuis 1987, s'en explique.
Que vous inspire la performance de Banque Populaire ?
Je trouve que c'est magnifique et je voudrais d'abord féliciter mes amis, Vincent Lauriot-Prévost, Marc Van Peteghem, Xavier Guilbaud, Hervé Devaux (les architectes et ingénieurs ayant conçu le bateau, ndlr), l'équipe qui a dessiné ce bateau, et bien entendu Loïck Peyron, Fred Le Peutrec, Jean-Ba (Jean-Baptiste Levaillant), Yvan Ravussin, tout l'équipage qui a réalisé cette magnifique performance. Je pense qu'ils auraient pu faire beaucoup mieux avec une meilleure météo, mais déjà, le fait de le battre en 45 jours, c'est extraordinaire.
Quand vous dites mieux, à quel temps pensez-vous ?
Je pense qu'ils auraient pu faire aux alentours de 42-43 jours. Nous, on a acheté cinq années de fichiers de Météo France, on a un simulateur de vol, on va entrer leur parcours avec les données de vents et d'états de mer associés, je pourrai vous répondre de façon un peu plus précise.
Bruno Peyron nous disait la semaine dernière que si on devait construire un bateau pour améliorer ce record, il faudrait soit une optimisation de Banque Populaire soit une solution plus radicale, comme l'Hydroptère, votre avis ?
Avec Eric Tabarly, on a lancé ce programme d'Hydroptère en 1987, Eric me disait: "Un jour, tous les bateaux voleront". On n'était pas très nombreux à le penser en 1987, on devait être deux ! Aujourd'hui, de Michel Desjoyeaux à Loïck Peyron, tout le monde en convient, l'avenir appartient aux bateaux qui volent. La question est: à quelle échéance ? Aujourd'hui, on se sent capables avec Vincent Lauriot-Prévost et Hervé Devaux de faire un bateau qui soit capable de traverser l'Atlantique en volant, le bateau est en cours d'étude. On a regardé la faisabilité sur un tour du monde, là, c'est plus compliqué.
Ce qui veut dire ?
Qu'il faut y aller step by step. On va d'abord commencer par faire le record du Pacifique avec l'Hydroptère en juin, ensuite on essaiera de s'attaquer à l'Atlantique, mais aujourd'hui, l'Hydroptère, dans sa configuration actuelle ne permet pas de s'attaquer au record de l'Atlantique, il faut le modifier dans un configuration bi-safrans. Le tour du monde, on verra plus tard.
Pourquoi le Pacifique vous paraît jouable et pas l'Atlantique ?
Parce qu'il est plus accessible, les records de Kersauson (sur le Pacifique) sont plus faciles à battre, ce sont des records à 20 noeuds de moyenne. Nous, on a fait trois fois le tour de l'Europe avec l'Hydroptère, on a navigué par trois-quatre mers de creux, la dynamique du vol se passe bien, on a compris beaucoup de choses qu'on va donc expérimenter sur un parcours au large, plus «soft», c'est-à-dire deux-trois mètres de creux, 20 noeuds de vent, qui nous paraît accessible. On commence avec un record "facile", même si on y va avec beaucoup d'humilité.
Et pour le tour du monde, l'objectif c'est de faire un maxi-Hydroptère ?
Je voudrais un "mini-maxi". Je compare souvent l'évolution architecturale des bateaux avec ce qui s'est passé dans le ciel: il y a cent ans, il y avait beaucoup de dirigeables, de ballons, d'engins archimédiens, qu'on n'a cessé d'allonger, grâce notamment à monsieur Zeppelin. Ensuite, il y a eu une rupture et on est passé aux aéronefs, d'Archimède à la portance dynamique. Sur l'eau, on assiste à la même transition: on a beaucoup allongé et aujourd'hui, on voit bien que ça ne sert pas à grand-chose d'allonger plus que Banque Populaire qui, en matière de grand trimaran archimédien, est le plus abouti. Donc je pense qu'il faut vraiment changer de technologie pour aller plus vite.
Donc les dimensions ?
30 mètres par 30 mètres, un bateau d'une masse au décollage de l'ordre de 12 tonnes... quelque chose de raisonnable avec une aile rigide ! (Rires) Eric Tabarly m'avait dit: "Tu es audacieux et têtu comme trois mules." On ne va pas faire les choses à moitié ! On travaille dessus depuis un an avec Hervé Devaux, Vincent Lauriot-Prévost et Marc Van Peteghem, aussi avec mes huit «papés» de l'aéronautique (ingénieurs de l'aéronautique qui accompagnent le projet, ndlr). Aujourd'hui, on essaie de boucler notre financement, la question est moins technologique que financière. J'aimerais bien que le centre de gravité reste en France car ce sont quand même les Français qui sont à l'origine de ce beau projet. Si tout va bien, on démarrerait le chantier en mai pour une durée d'un an, un an et demi.
Avec l'objectif de faire le tour du monde en moins de 40 jours ?
On doit pouvoir faire moins que 40 jours avec un Hydroptère. Sur un mille nautique, on a fait plus de 50 noeuds de moyenne (50,17 et 51,36 sur 500 mètres, record absolu, ndlr). Quand un bateau vole, par rapport à un bateau archimédien, il y a une différence. Donc quand on voit que Banque Populaire fait le tour du monde potentiellement en 42-43 jours, on imagine qu'avec un Hydroptère qui volerait ne serait-ce que sur la moitié du parcours, on est plutôt aux alentours de 36-38 jours. Je parle en termes de potentiel. Après, il y a la réalité, la météo...
Et la fiabilité, souvent pointée comme le défaut de l'Hydroptère, qu'en pensez-vous ?
On a inventé un système qui est breveté. C'est comme sur une voiture, souvenez-vous le Paris-Dakar: quand Ari Vatanen avec sa 205 Turbo 16 allait à 100 km/h dans les champs de bosses, il cassait. Aujourd'hui, sur l'eau - et l'équipage de Banque Populaire l'a bien souligné -, on est sur des niveaux de stress très élevés, à la fois pour la structure du bateau et les humains à bord. Nous, ce qu'on a inventé il y a maintenant trois ans - et aujourd'hui le bateau est parfaitement fiable -, c'est un système d'amortisseurs. Pour aller vite par mer formée, c'est la même chose que pour aller vite sur des nids de poule, il faut des amortisseurs. Personne n'imagine une voiture avec des bielles rigides à la place des amortisseurs dans un champ de bosses. Or sur un bateau aujourd'hui, quand Vincent (Lauriot-Prévost) me parle de formes de coques pour amortir les mouvements de la mer, de structures plus ou moins souples, je pense qu'il y a plus simple: il faut monter les foils sur amortisseurs, ce qu'on a imaginé sur l'Hydroptère et qui fonctionne parfaitement. On a des systèmes d'amortisseurs qui ressemblent aux trains d'atterrissage de l'Eurofighter ou du Rafale marine (avions de combat, ndlr). Au-delà d'une certaine pression sur le foil, l'amortisseur entre en action.
Et l'avenir est-il à l'aile rigide autour du monde ?
Oui, un jour, les bateaux feront le tour avec des ailes rigides. Une telle aile permet une stabilité en roulis parfaitement régulée, or l'ennemi de la vitesse, c'est l'instabilité en roulis, la gîte. Le deuxième point positif de l'aile, c'est la capacité de descente (au vent): avec une aile, vous augmentez l'angle de descente d'environ dix degrés, or, les records se battent au portant, et sur un parcours comme le tour du monde, naviguer à 145 degrés du vent au lieu de 130 ou 135 en descente, c'est un réel avantage car comme le disait Loïck, il faut diminuer le chemin parcouru. Donc de ce point de vue, une aile offre un très net avantage. Je pense qu'on sera d'ailleurs les premiers à expérimenter une aile au large. La seule difficulté pour le large, c'est la réduction de voilure. Mais on travaille dessus. Discrètement, dans notre coin. On n'est pas seulement «l'icône» des bateaux qui volent, on a une avance technologique en matière de dynamique du vol assez significative, on n'est pas restés les bras croisés (rires).
Ce tour du monde en moins de 40 jours, c'est votre nouveau Graal ?
Non, je reste humble et réaliste. Entre un record absolu sur un mille et un tour du monde, il y a des étapes. Tel le paysan dans son champ, on va essayer de les franchir.
(Je copie / colle pour éviter de voir disparaître la page dans les limbes du net).
Vidéo de l'hydroptère lors du record de vitesse sur un mile (plus de 50 noeuds de moyenne).
L'avenir appartient aux bateaux qui volent
En s'emparant du Trophée Jules-Verne en 45 jours 13h42'53", Banque Populaire V a mis la barre très haut, au point de sembler le seul capable aujourd'hui de faire mieux. Et à plus long terme ? L'Hydroptère, le bateau le plus rapide du monde sur un mille, pourrait être la solution, Alain Thébault, qui porte le projet depuis 1987, s'en explique.
Que vous inspire la performance de Banque Populaire ?
Je trouve que c'est magnifique et je voudrais d'abord féliciter mes amis, Vincent Lauriot-Prévost, Marc Van Peteghem, Xavier Guilbaud, Hervé Devaux (les architectes et ingénieurs ayant conçu le bateau, ndlr), l'équipe qui a dessiné ce bateau, et bien entendu Loïck Peyron, Fred Le Peutrec, Jean-Ba (Jean-Baptiste Levaillant), Yvan Ravussin, tout l'équipage qui a réalisé cette magnifique performance. Je pense qu'ils auraient pu faire beaucoup mieux avec une meilleure météo, mais déjà, le fait de le battre en 45 jours, c'est extraordinaire.
Quand vous dites mieux, à quel temps pensez-vous ?
Je pense qu'ils auraient pu faire aux alentours de 42-43 jours. Nous, on a acheté cinq années de fichiers de Météo France, on a un simulateur de vol, on va entrer leur parcours avec les données de vents et d'états de mer associés, je pourrai vous répondre de façon un peu plus précise.
Bruno Peyron nous disait la semaine dernière que si on devait construire un bateau pour améliorer ce record, il faudrait soit une optimisation de Banque Populaire soit une solution plus radicale, comme l'Hydroptère, votre avis ?
Avec Eric Tabarly, on a lancé ce programme d'Hydroptère en 1987, Eric me disait: "Un jour, tous les bateaux voleront". On n'était pas très nombreux à le penser en 1987, on devait être deux ! Aujourd'hui, de Michel Desjoyeaux à Loïck Peyron, tout le monde en convient, l'avenir appartient aux bateaux qui volent. La question est: à quelle échéance ? Aujourd'hui, on se sent capables avec Vincent Lauriot-Prévost et Hervé Devaux de faire un bateau qui soit capable de traverser l'Atlantique en volant, le bateau est en cours d'étude. On a regardé la faisabilité sur un tour du monde, là, c'est plus compliqué.
Ce qui veut dire ?
Qu'il faut y aller step by step. On va d'abord commencer par faire le record du Pacifique avec l'Hydroptère en juin, ensuite on essaiera de s'attaquer à l'Atlantique, mais aujourd'hui, l'Hydroptère, dans sa configuration actuelle ne permet pas de s'attaquer au record de l'Atlantique, il faut le modifier dans un configuration bi-safrans. Le tour du monde, on verra plus tard.
Pourquoi le Pacifique vous paraît jouable et pas l'Atlantique ?
Parce qu'il est plus accessible, les records de Kersauson (sur le Pacifique) sont plus faciles à battre, ce sont des records à 20 noeuds de moyenne. Nous, on a fait trois fois le tour de l'Europe avec l'Hydroptère, on a navigué par trois-quatre mers de creux, la dynamique du vol se passe bien, on a compris beaucoup de choses qu'on va donc expérimenter sur un parcours au large, plus «soft», c'est-à-dire deux-trois mètres de creux, 20 noeuds de vent, qui nous paraît accessible. On commence avec un record "facile", même si on y va avec beaucoup d'humilité.
Et pour le tour du monde, l'objectif c'est de faire un maxi-Hydroptère ?
Je voudrais un "mini-maxi". Je compare souvent l'évolution architecturale des bateaux avec ce qui s'est passé dans le ciel: il y a cent ans, il y avait beaucoup de dirigeables, de ballons, d'engins archimédiens, qu'on n'a cessé d'allonger, grâce notamment à monsieur Zeppelin. Ensuite, il y a eu une rupture et on est passé aux aéronefs, d'Archimède à la portance dynamique. Sur l'eau, on assiste à la même transition: on a beaucoup allongé et aujourd'hui, on voit bien que ça ne sert pas à grand-chose d'allonger plus que Banque Populaire qui, en matière de grand trimaran archimédien, est le plus abouti. Donc je pense qu'il faut vraiment changer de technologie pour aller plus vite.
Donc les dimensions ?
30 mètres par 30 mètres, un bateau d'une masse au décollage de l'ordre de 12 tonnes... quelque chose de raisonnable avec une aile rigide ! (Rires) Eric Tabarly m'avait dit: "Tu es audacieux et têtu comme trois mules." On ne va pas faire les choses à moitié ! On travaille dessus depuis un an avec Hervé Devaux, Vincent Lauriot-Prévost et Marc Van Peteghem, aussi avec mes huit «papés» de l'aéronautique (ingénieurs de l'aéronautique qui accompagnent le projet, ndlr). Aujourd'hui, on essaie de boucler notre financement, la question est moins technologique que financière. J'aimerais bien que le centre de gravité reste en France car ce sont quand même les Français qui sont à l'origine de ce beau projet. Si tout va bien, on démarrerait le chantier en mai pour une durée d'un an, un an et demi.
Avec l'objectif de faire le tour du monde en moins de 40 jours ?
On doit pouvoir faire moins que 40 jours avec un Hydroptère. Sur un mille nautique, on a fait plus de 50 noeuds de moyenne (50,17 et 51,36 sur 500 mètres, record absolu, ndlr). Quand un bateau vole, par rapport à un bateau archimédien, il y a une différence. Donc quand on voit que Banque Populaire fait le tour du monde potentiellement en 42-43 jours, on imagine qu'avec un Hydroptère qui volerait ne serait-ce que sur la moitié du parcours, on est plutôt aux alentours de 36-38 jours. Je parle en termes de potentiel. Après, il y a la réalité, la météo...
Et la fiabilité, souvent pointée comme le défaut de l'Hydroptère, qu'en pensez-vous ?
On a inventé un système qui est breveté. C'est comme sur une voiture, souvenez-vous le Paris-Dakar: quand Ari Vatanen avec sa 205 Turbo 16 allait à 100 km/h dans les champs de bosses, il cassait. Aujourd'hui, sur l'eau - et l'équipage de Banque Populaire l'a bien souligné -, on est sur des niveaux de stress très élevés, à la fois pour la structure du bateau et les humains à bord. Nous, ce qu'on a inventé il y a maintenant trois ans - et aujourd'hui le bateau est parfaitement fiable -, c'est un système d'amortisseurs. Pour aller vite par mer formée, c'est la même chose que pour aller vite sur des nids de poule, il faut des amortisseurs. Personne n'imagine une voiture avec des bielles rigides à la place des amortisseurs dans un champ de bosses. Or sur un bateau aujourd'hui, quand Vincent (Lauriot-Prévost) me parle de formes de coques pour amortir les mouvements de la mer, de structures plus ou moins souples, je pense qu'il y a plus simple: il faut monter les foils sur amortisseurs, ce qu'on a imaginé sur l'Hydroptère et qui fonctionne parfaitement. On a des systèmes d'amortisseurs qui ressemblent aux trains d'atterrissage de l'Eurofighter ou du Rafale marine (avions de combat, ndlr). Au-delà d'une certaine pression sur le foil, l'amortisseur entre en action.
Et l'avenir est-il à l'aile rigide autour du monde ?
Oui, un jour, les bateaux feront le tour avec des ailes rigides. Une telle aile permet une stabilité en roulis parfaitement régulée, or l'ennemi de la vitesse, c'est l'instabilité en roulis, la gîte. Le deuxième point positif de l'aile, c'est la capacité de descente (au vent): avec une aile, vous augmentez l'angle de descente d'environ dix degrés, or, les records se battent au portant, et sur un parcours comme le tour du monde, naviguer à 145 degrés du vent au lieu de 130 ou 135 en descente, c'est un réel avantage car comme le disait Loïck, il faut diminuer le chemin parcouru. Donc de ce point de vue, une aile offre un très net avantage. Je pense qu'on sera d'ailleurs les premiers à expérimenter une aile au large. La seule difficulté pour le large, c'est la réduction de voilure. Mais on travaille dessus. Discrètement, dans notre coin. On n'est pas seulement «l'icône» des bateaux qui volent, on a une avance technologique en matière de dynamique du vol assez significative, on n'est pas restés les bras croisés (rires).
Ce tour du monde en moins de 40 jours, c'est votre nouveau Graal ?
Non, je reste humble et réaliste. Entre un record absolu sur un mille et un tour du monde, il y a des étapes. Tel le paysan dans son champ, on va essayer de les franchir.
Libellés :
Activités récréatives et sportives
dimanche 8 janvier 2012
Move
11 pays en 44 jours. Du talent. Et un travail superbe "move", invitation au voyage et travail sur le mouvement.
Au générique :
Rick Mereki : réalisateur et producteur
Tim White : producteur, monteur
Andrew Lees : l'homme qui marche (pas le pire emploi comme acteur)
Au générique :
Rick Mereki : réalisateur et producteur
Tim White : producteur, monteur
Andrew Lees : l'homme qui marche (pas le pire emploi comme acteur)
MOVE from Rick Mereki on Vimeo.
"Et au pire on se mariera" de Sophie Bienvenu
J’ai souvent du mal avec les livres qui nous plongent dans la psychologie des adolescents. Le dernier livre de Bégaudeau « La blessure, la vraie », était une exception. Mais j’avais moins accroché à la fin très romanesque, comme si Bégaudeau n’arrivait pas à rester dans l’enfermement du monde adolescent.
Et puis j’ai lu « Et au pire on se mariera » de Sophie Bienvenu chez La Mèche. Un procédé qui rappelle la première scène de la « Fille sur le pont » de Patrice Leconte. Le texte rapporte la déposition d’Aïcha à quelqu’un que l’on imagine être une psy ou une assistante sociale dans un poste de police, en tout cas quelqu’un qui essaie de lui faire raconter ce qu’elle a vécu qui l’amène en ce lieu. Aïcha est follement amoureuse d'un homme beaucoup plus âgé qu'elle. Un homme que l'on entrevoit, que l'on reconstruit, à travers la fièvre de son récit.
C’est un livre rare. La découverte âpre d’un être écorché, attachant, assoiffé d’amour. Sophie Bienvenu réussit la prouesse de nous livrer sans aucun artifice le récit d’Aïcha. Du brut. Et on est pris dedans, comme englué. C’est à la fois fascinant et dérangeant. En apnée. Déboussolé par les mensonges, les omissions de l’adolescente. Anéanti par son errance, sa souffrance.
Cela pourrait partir en vrille, mais le style est là pour tenir le tout. Une précision psychologique rare et un humour dévastateur. L’humour comme élégance du désespoir.
Deux extraits qui ne dévoilent rien de l’histoire.
« Tsé quand quelque chose te fait capoter, mais vraiment capoter, que t’étouffes pis que tu finis par vraiment en être malade… comme tantôt un peu… et que quelqu’un à côté essaie de te convaincre que c’est pas grave… Mais pas genre « voyons, pauvre tarte, tu capotes donc ben sur des niaiseries », mais par son énergie qui transpire et que te fait savoir que tout va bien aller. Même si ça chie tout autour, même si tu te fais attaquer de partout, que le monde menace de finir là, là, ou que ton intolérance au lactose pourrait te tuer.
C’est le genre de gars qu’il est. Comme une île déserte où tu t’échoues après une crisse de grosse tempête. Mais avec de la bouffe et de l’eau et tout dessus. Et une maison chauffée. Et Internet. » (p. 96)
« Ca fait ça, un chat. C’est toujours là dans tes jambes quand t’as pas besoin, pour t’embarrasser. Pis ça te juge. Ca se prend pour un autre, même quand ça se lèche le cul.
Enfin, ça, je peux pas les blâmer, parce que j’en connais plein des humains aussi qui si prendraient pour d’autres s’ils pouvaient se lécher le cul. » (p. 84)
Un livre pas reposant. Comme n’étaient pas reposants « Le ravissement de Lol V Stein » de Duras, « La musique » de Mishima, ou « Alexis, ou le traité du vain combat » de Yourcenar. Mais un livre qui apporte sa part à la compréhension des autres.
Et puis j’ai lu « Et au pire on se mariera » de Sophie Bienvenu chez La Mèche. Un procédé qui rappelle la première scène de la « Fille sur le pont » de Patrice Leconte. Le texte rapporte la déposition d’Aïcha à quelqu’un que l’on imagine être une psy ou une assistante sociale dans un poste de police, en tout cas quelqu’un qui essaie de lui faire raconter ce qu’elle a vécu qui l’amène en ce lieu. Aïcha est follement amoureuse d'un homme beaucoup plus âgé qu'elle. Un homme que l'on entrevoit, que l'on reconstruit, à travers la fièvre de son récit.
C’est un livre rare. La découverte âpre d’un être écorché, attachant, assoiffé d’amour. Sophie Bienvenu réussit la prouesse de nous livrer sans aucun artifice le récit d’Aïcha. Du brut. Et on est pris dedans, comme englué. C’est à la fois fascinant et dérangeant. En apnée. Déboussolé par les mensonges, les omissions de l’adolescente. Anéanti par son errance, sa souffrance.
Cela pourrait partir en vrille, mais le style est là pour tenir le tout. Une précision psychologique rare et un humour dévastateur. L’humour comme élégance du désespoir.
Deux extraits qui ne dévoilent rien de l’histoire.
« Tsé quand quelque chose te fait capoter, mais vraiment capoter, que t’étouffes pis que tu finis par vraiment en être malade… comme tantôt un peu… et que quelqu’un à côté essaie de te convaincre que c’est pas grave… Mais pas genre « voyons, pauvre tarte, tu capotes donc ben sur des niaiseries », mais par son énergie qui transpire et que te fait savoir que tout va bien aller. Même si ça chie tout autour, même si tu te fais attaquer de partout, que le monde menace de finir là, là, ou que ton intolérance au lactose pourrait te tuer.
C’est le genre de gars qu’il est. Comme une île déserte où tu t’échoues après une crisse de grosse tempête. Mais avec de la bouffe et de l’eau et tout dessus. Et une maison chauffée. Et Internet. » (p. 96)
« Ca fait ça, un chat. C’est toujours là dans tes jambes quand t’as pas besoin, pour t’embarrasser. Pis ça te juge. Ca se prend pour un autre, même quand ça se lèche le cul.
Enfin, ça, je peux pas les blâmer, parce que j’en connais plein des humains aussi qui si prendraient pour d’autres s’ils pouvaient se lécher le cul. » (p. 84)
Un livre pas reposant. Comme n’étaient pas reposants « Le ravissement de Lol V Stein » de Duras, « La musique » de Mishima, ou « Alexis, ou le traité du vain combat » de Yourcenar. Mais un livre qui apporte sa part à la compréhension des autres.
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vendredi 6 janvier 2012
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