dimanche 24 octobre 2010

Le Destin de Joseph Caillaux


Joseph Marie Auguste Caillaux nait au Mans le 30 mars 1863. Son père, parlementaire royaliste, fut ministre des finances. Joseph réussit de brillantes études, quoique échouant misérablement à l’entrée de Polytechniques. Il entre à l’inspection générale des finances en 1888. Dix ans plus tard il débute sa carrière politique au centre droit parmi les républicains modérés. Dès lors, il influencera la vie politique française pendant 40 ans, toujours plus ou moins député, ministre des finances, président du conseil, ou sénateur.

Grand réformateur de la fiscalité. Il porte à partir de 1907, un projet consistant à remplacer les quatre impôts créés pendant la période révolutionnaire (dont le fameux impôt sur les portes et fenêtres), par un impôt progressif sur le revenu global sur le modèle allemand complété par des impôts proportionnels et indépendants pour chaque catégorie de revenus sur le modèle britannique. Il se heurte notamment à l’hostilité du sénat. Il faudra attendre 1914 et le besoin de financement de la grande guerre pour que l’impôt sur le revenu proportionnel soit adopté.

En 1911 il est nommé président du conseil. Pacifiste, libre-échangiste, il se lance dans des négociations avec l’Allemagne. Il s’y prend mal. Ses tractations secrètes sont révélées. Il les nie. Un accord est signé sans lui. Celui lui coûtera très cher.


En 1914, Gaston Calmette, patron du Figaro lance une campagne de presse violente contre sa politique. Les choses dérapent. Des lettres personnelles sont publiées. L'une d'elles va démontrer qu'Henriette, la seconde femme de Caillaux, entretenait une relation adultère avec ce dernier avant leur mariage. En conséquence, elle se rend dans le bureau du dirigeant de presse, sort un revolver de son manchon, tire six balles (dont 66% atteignent leur cible) et le tue. Caillaux est contraint de démissionner, mais les ennuis ne sont pas finis.

En 1918 Caillaux est arrêté, jugé et condamné en 1920 pour «intelligence avec l’ennemi». On lui reproche sa volonté constante de rapprochement avec l’Allemagne. Lors du procès, les choses se dégonflent. Il est finalement condamné pour l’«aide involontaire» à l’ennemi par ses prises de position politiques. Trois ans d’emprisonnement et privation de ses droits civiques.
Il quitte Paris et revient en 1924 après la victoire du Cartel des gauches. Il est amnistié en 1925. Sa carrière reprend, avec quelques séjours comme ministre des finances. A la fin des années 30, il occupe au sénat le poste clé de Président de la commission des finances.

Le 10 juillet 1940 il vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, qu’il avait fait refuser à Blum en 1935.

Il meurt en 1944, presque oublié.

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