samedi 18 juin 2011

Effondrement Maya

Passionnant article de Stéphane Foucart dans Le Monde sur la disparition de la civilisation Maya. La rapidité avec laquelle les cités-Etats se sont vidées autour du IXème siècle frappe l'imagination. Tikal, par exemple, une des plus grandes cités a perdu 90% de sa population en deux générations.
L'article fait le bilan des hypothèses : exit les catastrophes naturelles (épidémies, tremblements de terre, etc.). Il n'y a pas de cause unique. Les traces archéologiques montrent que les situations ont varié en fonction des cités. Dans le nord du Guatemala (berceau de la civilisation Maya) l'abandon des villes s'est fait dans l'ordre à un moment où il y avait encore de la richesse comme en témoignent les traces de rituels d'abandon.
En revanche, plus au sud, ce les guerres entre cités qui expliquent l'effondrement. A Dos Pilas, les habitants ont démantelé temples et palais pour construire des barricades, sans succès.

Ce n'était pas le premier effondrement de la civilisation Maya. Déjà à peu près 500 ans auparavant d'anciennes villes avaient été abandonnées, dont El Mirador, la plus spectaculaire, celle dont les monuments ne furent jamais égalés. Sa grande pyramide mesurait 70 mètres de haut. Des routes pavées de vingt mètres de large et surélevées de 4 à 5 mètres, la reliaient à ses voisines à des dizaines de kilomètres à la ronde. Et pourtant la ville s'est vidée, sans être jamais repeuplée.
La force de cette civilisation était sa maîtrise de l'agriculture. La boue des marécages était utilisée pour des cultures en terrasse. Cette boue sans cesse renouvelée permettait d'enrichir la terre et d'entretenir une monoculture sans appauvrir les sols. Mais les goûts de luxe vinrent tout changer. Les bâtiments étaient recouverts de stuc, signe de richesse, un stuc de plus en plus épais. Or le stuc est issu d'une longue transformation du calcaire par chauffage. Un processus très consommateur de bois de combustible. La fabrication du stuc a entraîné une déforestation laquelle a généré une érosion des sols, et une destruction des terres agricoles dont on voit des traces archéologiques. La déforestation a aussi des conséquences climatiques. Les climatologues qui analysent les carottes sédimentaires identifient quatre sécheresses durant de trois à neuf ans entre 760 et 910. Or chez les Mayas, le roi est "le garant de la clémence des éléments". Plusieurs traces laissent supposer que les peuples se sont détournés des élites politiques. L'article se conclut sur un exemple fascinant : un bâtiment à la Joyanca, cinquante mètre de long, une grande pièce, une banquette, sans équivoque le lieu où le roi tenait séance. Mais entre 750 et 850 cette pièce est cloisonnée à plusieurs reprises. La grande pièce se fragmente, comme si l'autorité du roi se réduisait. Or, dans les fouilles, les archéologues ont découvert deux corps dans la pièce centrale : un homme et une femme, sans sépulture. Puis la banquette et le toit ont été enlevés. A partir du XIème siècle, de nouvelles cités seront construites, plus au nord, mais un nouveau système politique est mis en place : le multepal, "gouverner ensemble".

Défiance vis-à-vis des leaders politiques, incapacité à gérer les ressources naturelles, dérèglement climatique. Toute ressemblance avec des situations.... enfin bref.

Et du coup : achat de "Effondrement - Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie" de Jared Diamond.

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