C'est un vieux projet, comme un serpent de page. Le scénario est écrit (quelques trucs à ajuster), mon frère a testé des trucs, dessiné plusieurs pages, encré deux ou trois, et peinturluré une. Là voilà. La première.
Je donne ça à Thibault :
"Première guerre
mondiale. Le front, la nuit.
La lumière de la
pleine lune dessine un relief sinistre, des trous d’obus, des amoncellements de
boue d’où pointent des piquets enrubannés de barbelés, des bâtis de bois
désossés. Et les ruines d’une ferme.
Deux soldats allemands font leur ronde. Détendus. Le front s’est visiblement éloigné. Pas mécontents de leur chance, ils marchent côte à côte, en silence, chacun perdu dans sa fatigue hallucinée. Les fusils à l’épaule, le dos courbé, le regard au bout de leurs bottes. Ils s’approchent des ruines, sans intention aucune, lorsque, soudain, un bruit. Un cri dans une grande bâtisse éventrée, au toit à moitié effondré. Ils s’arrêtent. « Was ist das ? ». Réflexes de soldats, immédiatement. Se collent aux murs, fusil à la main. La crainte de nouveau dans leurs yeux.
Deux soldats allemands font leur ronde. Détendus. Le front s’est visiblement éloigné. Pas mécontents de leur chance, ils marchent côte à côte, en silence, chacun perdu dans sa fatigue hallucinée. Les fusils à l’épaule, le dos courbé, le regard au bout de leurs bottes. Ils s’approchent des ruines, sans intention aucune, lorsque, soudain, un bruit. Un cri dans une grande bâtisse éventrée, au toit à moitié effondré. Ils s’arrêtent. « Was ist das ? ». Réflexes de soldats, immédiatement. Se collent aux murs, fusil à la main. La crainte de nouveau dans leurs yeux.
Se couvrent
mutuellement ils pénètrent dans l’obscurité de la ruine. Lentement, que leurs
regards s’habituent. De nouveau des cris, un halètement. Un son qu’ils
connaissent bien, incongru en cet endroit. Se jettent des regards de surprise.
Mais toujours la même prudence. L’un d’eux, protégé derrière un pan de mur à
moitié effondré sur une cheminée risque un œil. Il remarque d’abord la capote
de laine bleue et le Lebel, posés contre une table qui émerge d’un
amoncellement de briques et de planches, et puis au second plan dans un coin de
la pièce, le dos d’un homme, fesses nues, pantalon sur les chevilles qui fait
l’amour à une femme, cachée dans l’ombre. On ne voit que ses genoux qui saillent
et le bas de ses cuisses, happées par la noirceur. Ses cris de plaisir.
Les soldats allemands
quittent leurs caches, deux ombres.
Une autre nuit,
ailleurs, la même peut-être, qu’importe. Un lit simple sous un crucifix de bois
d’où pend un chapelet. Une couverture épaisse, de larges oreillers
confortables. Une jeune femme dort."
Et il fait ça :
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