jeudi 9 février 2012

Un bracelet abandonné comme un bouquet qui flotte

Pendant une session un jeune québécois a loué une chambre dans un appartement à Paris. Avait laissé à Québec sa blonde. Il venait étudier le droit. Il me semble qu'il a dû l'apercevoir de loin.

Ce matin en allant me doucher dans sa salle de bain, j'ai trouvé, abandonné sur le rebord de la fenêtre qui ouvre sur la cour, un bracelet de fils tressés multicolores. Quelque chose de vaguement brésilien, dont le fantasme d'une subordination à un quelconque serment amène le porteur à supporter la laideur.

Avant de repartir pour le Québec, entrant je l'imagine dans sa dernière douche, il a, sans rien couper, défait le bracelet, avant de le déposer dans un coin, puis de l'oublier, l'esprit lavé sous l'eau chaude, l'esprit propre et tourné vers son futur.
Alors je me suis dit : Et s'il s'était trop exposé au soleil, sans l'ombrage de ses cours de droit ? Et si le bracelet avait dessiné sur sa peau une mince ligne blanche ? Et si sa blonde le questionnait sur cette trace mystérieuse ?

Je l'imaginai contemplant le dessin comme un prisonnier guette avant que la porte ne se ferme, au dernier instant, la mince ligne de lumière qui bientôt disparaîtra.

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