lundi 12 juillet 2010

La tragédie du Hindenburg

Le 6 mai 1937, une équipe de reporters armés d’une camera est à Lakehurst pour filmer l’arrivée du Hindenburg, plus grand dirigeable jamais construit. 246,7 mètres de long, il atteint une vitesse maximale de 135 km par heure. Mais c’est à 85 km que ses quatre moteurs diesel Daimler Benz transportent entre 50 et 72 passagers au dessus de l’Atlantique Nord. C’est une date anniversaire, un an auparavant le dirigeable réalisait sa première traversée de l’Atlantique.


Fierté du constructeur Zeppelin, il est exploité par une compagnie mixte réunissant Zeppelin et le ministère de l’aéronautique du gouvernement nazi. Ses premiers vols, dix-huit mois auparavant assuraient d’ailleurs la propagande du pouvoir. Il servit ainsi lors de la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de 1936.

Sa première traversée de l’Atlantique date du 6 mai 1936, un vol de 61,5 heures. Au cours de son exploitation commerciale, il réalisera 63 voyages entre l’Allemagne et les Etats-Unis ou le Brésil. Jusqu’à cette date anniversaire fatale.

L’embrasement du dirigeable, sa destruction terrifiante en quelques secondes a profondément marqué les esprits. Elle a été fatale au développement de l’industrie du plus léger que l’air, victime d’un buzz médiatique. En effet l’accident a été commenté en direct et diffusé quelques heures plus tard sur les ondes radio de WLS à Chicago. C’est aussi la première catastrophe filmée. On image l’effet de la diffusion de ce reportage sur les populations massées dans les cinémas. La voix du journaliste continue de glacer le sang.

Que s’est-il passé ce jour là ?

Une bombe incendiaire a été retrouvée dans la carcasse du géant. Certains officiers vivaient mal la main mise du régime nazi sur la merveilleuse machine. Une action spectaculaire était prévue. Pourtant il semblerait que la cause de l’incendie soit un orage électrique. Des étincelles violettes ont été aperçues au dessus du ballon. Alors erreur de conception ?

Non. Le ballon avait été conçu pour fonctionner à l’hélium, un gaz non inflammable. Les ingénieurs n’avaient donc pas utilisé de matériaux ignifugés. Pire, pour alléger la structure, ils avaient privilégié des vernis nitrocellulosiques, particulièrement inflammables, les mêmes qui entraient dans la composition des bobines de cinémas et ont assuré la flambée de multiples cinémas en quelques secondes (comme on peut le voir dans Inglorious Bastards).

Mais du fait de l’embargo américain sur l’exportation de l’hélium, les Allemands durent se rabattre sur l’hydrogène, plus facile et moins cher à produire. Avec des enduits prévus pour des ballons à hydrogène, le Hindenburg aurait mis plusieurs heures à se consumer.

Cet accident a profondément marqué l’opinion publique. L’industrie du dirigeable est tombée en hibernation. La technologie présente pourtant des avantages uniques pour déplacer des charges très lourdes ou accéder à des zones escarpées, si bien qu’aujourd’hui plusieurs projets sont menés pour rebâtir ces géants paisibles des altitudes. Les spécialistes avouent que beaucoup de connaissance a été perdu depuis ces années bénies de l’avant-guerre. Ils doivent retrouver ces savoir évanouis, ce qu’ils appellent joliment de la rétro-innovation.

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