mercredi 7 juillet 2010

Le destin de Stéphane Hessel

Un homme de 92 ans regarde "Jules et Jim", le film de Truffaut. Je me demande quelles sont ses émotions. C’est l’histoire de ses parents.


Stéphane Hessel est né à Berlin. Il découvre Paris avec ses parents en 1924, devient Français en 1937. Dès ses années d’étudiant il s’engage à gauche, manifeste, castagne dans les rues avec les Croix de Feu et les maurassiens.

Il est mobilisé en 1939, fait prisonnier, s’évade, rejoint le général de Gaulle à Londres en 1941, sert dans la Royal Air Force comme navigateur dans les bombardiers. En 1944 il rentre clandestinement en France pour une mission d’espionnage, découvert il est capturé. Pour résister à la torture il se récite des poèmes en Français, en Anglais ou en Allemand. Sur cette expérience il écrit : « Le corps joue sa partie, l’esprit la sienne. Ecoeurement dans les régions du plexus solaire, sueur aux tempes, tournoiement loufoque des sensations… ».

Il a 27 ans à la fin de la guerre, présente un concours pour entrer dans la diplomatie française et finit à New-York, au siège de la jeune ONU. Comme executive officer il participe à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il poursuivra sa carrière dans les arcanes de la diplomatie, s’offrant un détour par le gouvernement de Mendès France en 1954-1955. Il promeut l’idée d’un conseil des sagesses sous l’égide de l’ONU faisant appel aux sagesses populaires qui n’ont pas été détruites par la rationalité industrielle.

De la même manière, la poésie permet peut-être au vieil homme d’accéder à une autre forme de connaissance. Il dit : « Quand je m’ennuie, dans le métro ou dans l’autobus, je me dis : « Tiens, je vais retrouver un petit poème de Baudelaire. » Et je me le récite en me demandant : « Est-ce que ça va durer jusqu’à la prochaine station ? » C’est un plaisir un peu futile. » Est-ce bien certain ?

Source : Entrevue avec Stéphane Hessel, XXI, N°11, été 2010

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