mercredi 2 juin 2010

Le destin de Ryszard Siwiec,

Le 8 septembre 1968, dans un stade de 100 000 personnes réunies pour la fête des moissons, devant le gouvernement de son pays et des diplomates étrangers, quelques instants après la fin du discours de Gomulka, alors que des danseurs en costume tournoyaient dans la danse traditionnelle polonaise, Ryszard Siwiec verse sur ses vêtements un bidon d'essence, craque une allumette et s'embrase.

La scène est saisie par la télévision polonaise. Dans les journaux Siwiec sera présenté comme un déséquilibré mental. L'information mettre deux mois pour être diffusée en Tchécoslovaquie.



Siwiec proteste contre le processus de normalisation qui a suivi le printemps de Prague. C'est le premier à se livrer à un tel geste qui peut-être inspirera Palach et Zajic. Comptable, professeur, père de cinq enfants, l'homme de 59 ans mourra quelques jours plus tard à l'hôpital de ses blessures. Vaclav Havel, président de la République Tchèque le décorera en 2001 de l'ordre Tomáš Garrigue Masaryk, créé en 1990 pour récompenser les personnes ayant apporté une contribution particulière à la démocratie et les droits de l'homme.
La famille de Siwiec refusera par ailleurs la décoration décernée par Kwasniewski en raison du passé communiste du président polonais.

En contrepoint, deux citations pour finir d'un petit livre qui m'a profondément marqué, le carnet de Jan Zabrana, intellectuel, écrivain, traducteur, opposant et ajusteur-mécanicien tchèque (1931 - 1984).

"Plus on est mort plus on est apprécié. Par le régime dans lequel je vis. Plus on est rassis, desséché, éreinté, désarmé - plus on est acceptable. Priorité aux calvities. Priorité aux varices. Priorité aux dentiers. Avec tout ça, on peut espérer un prix"

"Pourquoi ne me suis-je pas pendu avant-hier, pourquoi est-ce que je continue à végéter dans l'encerclement de ces gorilles, de ces troglodytes survivant de siècle en siècle..."

Jan Zabrana, Toute une vie, Allia

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