mardi 29 mars 2011

De l'effet de la grammaire sur la culture de gouvernement

Hypothèse stimulante proposée par Jean-Louis Bourlanges dans l'émission l'Esprit Public de Philippe Meyer.
Le débat portait sur les positions respectives de la France et de l'Allemagne au sujet de la résolution de l'ONU sur la Lybie.

Il décrivait deux postures...
- La France qui commence par agir en cherchant après quels objectifs précis atteindre en fonction de l'impact de l'action.
- L'Allemagne qui ne commence à agir que lorsque les objectifs visés ont parfaitement clairs et précis.

...et suggérait que les structures des deux langues illustraient ces deux façons de penser :
- La phrase classique en Français est structurée ainsi : sujet, verbe, compléments de toutes sortes. Soit : un acteur (sujet), qui pose un geste (verbe), puis précise la portée de son geste (compléments). Il peut ainsi commencer à agir avant de connaître la finalité. Nous commençons tous des phrases en Français sans savoir où nous voulons aller.
- L'Allemand par sa structure lorsqu'il s'agit de parler du futur : sujet, compléments, verbe, oblige à penser et dire précisément sur quoi on va agir (compléments) avant de dire ce que l'on va faire (verbe).

Le "câblage" du cerveau est fortement conditionné par les stimulations qu'il reçoit. L'idée que la structure de la langue a un impact sur la façon dont nous pensons, pas simplement pour des questions instrumentales (du type : il n'existe pas de mot pour décrire le phénomène), mais plus fondamentalement pour des questions procédurales (dues à la neurologie) est séduisante et cohérente avec des choses lues en ce moment (ex. Nicholas Carr, "what the Internet is doing to our brain").

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