samedi 26 mars 2011

Technoscience et démocratie

Excellent échange dans l’émission Répliques de France Culture entre Alain Finkelkraut, Etienne Klein et Olivier Rey.
Ca part doucement : nanotechnologies, qu’est-ce et quels usages. Pas passionnant.
Et puis le vrai sujet : le rapport techno-science et démocratie.

Je résume ce que j’en retiens :

La notion même de démocratie est mise en péril par l’avancement technoscientifique. Aujourd’hui hormis quelques experts, les citoyens ne sont plus capables de comprendre les avancées scientifiques. Les nanotechnologies en sont un exemple, comme la biotechnologie ou le nucléaire. Et ce n’est pas qu’un problème d’éducation. La science actuelle manipule des choses à un niveau qui échappe à l’expérience de la réalité.
La prise de position repose plus sur la profession de foi ou l’idéologie que sur la rationalité ou l’expérience. Le citoyen doit décider sans pouvoir se créer une représentation de ce sur quoi il doit décider. En ces matières le citoyen est influencé par l’émotion, et la confiance qu’il a dans des personnages médiatiques qui portent des messages. Un référendum sur le nucléaire est-il par exemple pertinent ? Par un étrange effet, la science qui souhaitait nous sortir de la croyance, replonge la grande majorité dans la profession de foi.

Les avancées scientifiques et techniques posent des questions fondamentales sur ce qu’est l’humanité, et des limites que l’on doit se donner, par exemple dans le génie génétique. Hors la question se pose de la capacité de la démocratie à se fixer des limites : du fait de son aversion pour la souffrance, pour la fatalité, etc.

Une vaste littérature souligne le risque totalitaire de la technique. J’ai toujours eu du mal avec cette perspective fantasmatique. Telle qu’elle est posée dans cette discussion me paraît beaucoup plus intéressante et réelle : le progrès technoscientifique met à mal le principe démocratique. Si nous voulons rester collectivement maîtres de notre avenir qui sera de plus en plus lié à la technique il nous faudra questionner nos modes de décisions démocratiques sur ce sujet. Ce ne sera pas un simple problème d’éducation considérant que le véritable défi est que la science actuelle ne travaille pas sur des sujets accessibles à l’expérience humaine.

Ca va pas être facile.

A écouter, c’est ici (40 min.).

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