lundi 23 mai 2011

Webdocu : "Avant l'expo"

« Avant l’Expo », le webdocumentaire de Eric Shings s’intéresse à l’évolution de la ville de Shanghaï au cours des cinq années précédant l’exposition universelle.


Les transformations ont été majeures : des dizaines d’usines détruites, des centaines de milliers d’habitants déplacés dans des nouveaux quartiers, un chantier naval devenu forêt pour le pavillon africain, ou un marché aux poissons transmué en practice de golf. Le commentaire d’un jeune joueur de golf résumé la transformation du quartier : « A l’époque c’était sale et en désordre, en passant je n’osais pas descendre de voiture, parce qu’il y avait une drôle d’odeur. C’est pour cela que ce changement est super. Avant c’était ce qu’il y avait de pire, et maintenant c’est ce qui se fait de mieux ! »

Le document est très bon. Il nous fait entrer dans la vie quotidienne dans l’antre de la ville. Il nous ouvre aussi les portes des usines, des aciéries, des chantiers navals. Vision de méthode de travail archaïques, dangereuses et probablement peu productives. Graphiquement le choix d’un écran partagé en deux films, très habilement utilisé, permet de créer un décalage plus ou moins grand dans la perception qui élargit le regard, et fait prendre conscience des détails sans jamais perdre l’internaute.


Sur le fond, il montre le croisement de trois Chine autour du chantier : la classe moyenne qui profite du boom économique, la Chine d’avant (les vieux, les ouvriers, etc.) qui ne trouve plus vraiment sa place et les paysans qui viennent sur les chantiers gagner de l’argent avant de retourner chez eux.

Et une surprise majeure : la volonté de préservation du patrimoine historique et essentiellement industriel, nouvelle en Chine, confirmés par l’architecte en chef : « c’est ce changement de mentalité qui montre si la Chine progresse ». Quand on repense à la révolution culturelle de Mao, on se dit qu’effectivement quelque chose a changé.
Dans le même ordre d’idée, j’ai été surpris de voir que certains résistaient et refusaient de vendre. Leurs maisons-clous se dressaient dans des champs de ruines. J’aurais imaginé que ce type de résistance aurait été impossible.

Et toujours une confiance incroyable dans l’avenir, dont on ne sait pas vraiment distinguer ce qui relève de l’endoctrinement, de la crainte du régime et de l’authenticité. Il faut cependant remarquer que les habitants déplacés constatent dans leurs nouveaux appartements les éléments concrets d’un nouveau confort auquel ils n’osaient pas rêver.

Et une question : Que sont devenus tous ces gravats ?

Quelques citations :
« La grande famille est plus importante que la petite famille »

« Au début les gens croyaient que c’était bien d’être ouvrier, après ils se sont rendu compte que c’était fatiguant »

« Il y a de l’argent à gagner, le parti communiste est si bon (éclats de rire) »

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